C’est une annonce qui a un peu surpris tout le monde : Airbus, ADP et la RATP ont décidé d’étudier ensemble la possibilité d’intégrer des VTOL dans le transport urbain et cela à l’occasion des Jeux olympiques à Paris en 2024. C’est un sérieux coup de pouce pour cette forme de mobilité qui serait promise à un grand avenir. Cette nouvelle forme de transport est née, il y a quelques années, avec l’arrivée sur le marché de moteurs électriques puissants. Mais avant d’en arriver à l’environnement de type 5e élément, il va falloir abattre encore pas mal d’obstacles.
Airbus est déjà bien engagé avec la création d’appareils de type VTOL : Vahana (présent au Bourget) et CityAirbus, tous deux 100 % électrique et donc écologiquement friendly avec zéro émission de C02. Il faudra fiabiliser ces appareils pour qu’ils puissent transporter du public, ce qui ne peut se faire sans passer par la case certification. Il y a peu de chance que l’environnement du transport aérien change ses méthodes, surtout pour une technologie qui est sans recul dans la troisième dimension. Sur la terre ferme, l’électrique est maîtrisé depuis longtemps, plus exactement sur les rails…
Pour l’heure, aucun aéronef électrique n’a été certifié. Avant cela, il faut construire la norme au plan international et surtout européen. L’association des autres grandes entreprises est naturellement un gage de sérieux. La DGAC apportera son expertise dans le domaine réglementaire et dans la gestion de l’espace aérien de faible altitude. Les contraintes portent essentiellement sur la création d’un trafic qui devra être géré à terme de manière totalement automatique puisqu’il n’est pas prévu de pilote dans l’aéronef. Il faudra donc ouvrir un espace dédié où les espacements devront être gérés avec un risque, le plus faible possible. L’automatisme du vol existe depuis longtemps, mais en embarquant des passagers, il devra démontrer un niveau de fiabilité bien supérieur. En effet, il faudra ensuite convaincre les passagers de monter dans un aéronef sans pilote…
À condition de cantonner ces déplacements à une mobilité strictement urbaine, la mixité avec le trafic aérien de l’aviation générale (avions privés) devrait être très limitée puisque ces derniers aéronefs n’ont pas vocation à survoler les centres urbains. Le problème sera bien différent si les VTOL sortent des villes. Il faudra également envisager des zones de posé, des « vertiports », pouvant accueillir le public. Il sera intéressant de découvrir cette carte des zones éventuelles de posé dans les centres urbains. L’usage de l’hélicoptère monoturbine (réputé très fiable) au-dessus des zones habitées s’était, en effet, heurté au faible nombre d’aires de posé à Paris.
La RATP apportera son expertise pour les pratiques de mobilité urbaines et notamment l’intégration du véhicule volant autonome dans l’offre de transport qui existe déjà. L’autre partenaire indispensable est naturellement ADP qui apportera son savoir-faire et sa maîtrise de l’environnement aéroportuaire. En effet, le projet de VTOL a pour vocation « par essence » de créer des liaisons ville/aéroport. ADP va donc plancher dans le cadre du groupe de travail sur le développement de ce service, notamment sur les différentes plateformes de son réseau. Cela fera appel bien sûr à son expertise en matière ingénierie qui est reconnue au plan international. La création du service imposera des opérations sol et vol, un parcours passager, des espaces dédiés pour le chargement et la maintenance.
DGAC et ADP travailleront de concert pour créer ce trafic en parallèle de celui des avions de ligne aux abords des aéroports. On mesure ici l’importance de la fiabilité qui sera exigée du contrôle aérien, mais également des constructeurs pour rendre miscible ces deux types de trafic : commercial et VTOL. Le groupe d’experts, créé pour cette étude, a sa feuille de route : développer un modèle de mobilité urbaine avec ses services et son potentiel à l’exportation tout en utilisant une technologie française. L’étude est donc globale : conception et production, maintenance, opérations de vol, gestion du trafic aérien en basse altitude, intégration urbaine et planification, infrastructures physiques (vertiports…) et numériques et les interfaces passager.