Les présidents de compagnies aériennes françaises sont furieux. Derrière leur sourire policé, la colère monte. Ils ont profité la tenue du salon Top Resa pour prendre une nouvelle fois la parole, sous l’égide de la FNAM, et dire que « too much is too much ». Les Assises du transport aérien voulues par le gouvernement et Élisabeth Borne sont sur le point d’accoucher d’une souris, comme le craignaient depuis le départ certains patrons de compagnies. Ces hommes forts du transport aérien reprochent à l’Etat de n’avoir pris aucune mesure significative pour instaurer (voire restaurer) en France une concurrence loyale et « non faussée » permettant au pavillon français de se développer et d’arrêter de perdre des parts de marché. Depuis l’ouverture des Assises en mars, les débats sont toujours en cours et aucune avancée n’a été constatée sur des sujets majeurs pour les compagnies : les taxes aéroportuaires, la taxe Chirac, le financement de la sûreté qui est totalement à la charge des compagnies alors que pour la SNCF, cette charge est régalienne depuis toujours. « L’État n’a aucune stratégie depuis longtemps et Bercy fait la loi ». Pire : deux faits importants attisent leur courroux : l’inscription dans la loi Pacte (articles 44 et 45) de la privatisation d’ADP, ce que redoutent par dessus tout les compagnies et le principe de la double caisse qui est sur le point d’être acté à Nice. Sur le premier point, les compagnies craignent que les taxes continuent de croître dans une stricte logique financière, sans réel garde-fou ; sur le second, les présidents de compagnie sont, depuis longtemps, contre ce principe qui établit une séparation stricte entre les revenus liés à l’exploitation de l’aéroport et les revenus générés par l’exploitation des surfaces commerciales. De ce fait, par principe, il n’y a donc pas de péréquation entre les deux caisses : elle permettrait pourtant de minimiser le niveau des charges aéroportuaires, d’autant que les surfaces commerciales sont « alimentées » par les compagnies et leurs passagers. « Avant de nous battre contre nos concurrents, nous devons lutter contre un environnement économique interne qui nous coûte cher, cela les pouvoirs publics ne l’ont pas compris ». Alors que vont faire les dirigeants ? Bloquer les pistes : pas légal ; appeler à une grande manifestation devant le ministère des Transports, possible… Les présidents sont d’autant plus déçus que plusieurs rapports sur le même sujet ont déjà été fournis aux gouvernements précédents, sans effet. Bref, c’est le dernier appel de la profession avant la clôture des Assises. Mais certains ne se font déjà plus d’illusions : ils pensent que l’État français n’a que faire de ce secteur économique. (de gauche à droite : Laurent Timsit, directeur des affaires internationales et institutionnelles d’Air France-KLM, Pascal de Izaguirre, président-Directeur Général de Corsair International, Laurent Magnin, PDG XL Airways – La Compagnie, Alain Battisti, président de la FNAM et de Chalair Aviation, et Marc Rochet, président de French Bee).
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