« Au grand balcon », classique du film d’aviation d’Henri Decoin, a été restauré en combo DVD et Blu-ray et sera disponible à partir du 7 novembre prochain. Ce film de 1949 se déroule dans les années vingt, à Toulouse : « La pension de famille des demoiselles Fusain, « Au grand balcon », est le quartier général des jeunes pilotes travaillant au développement des liaisons aéropostales, sous les ordres de Carbot. Celui-ci ne vit que pour « la ligne » et impose une stricte discipline à ses hommes. Il se soucie peu – du moins en apparence – des existences sacrifiées à son idéal. Jean Fabien, héros de la guerre de 1914, tient tête à Carbot et se heurte constamment à lui… » Inspiré d’une histoire vraie scénarisée par le grand reporter qu’était Joseph Kessel, le film d’Henri Decoin est non seulement un précieux document sur ce qu’allait devenir l’Aéropostale, mais aussi une grande œuvre de cinéma que Pathé vient de ressusciter.
Sportif accompli (champion de France du 500 mètres nage libre en 1911), journaliste et cinéaste, Henri Decoin était aussi un féru d’aviation. Ancien pilote pendant la Première Guerre mondiale, sa passion lui fit tourner deux films sur le sujet : Les Bleus du ciel (1933) et Au grand balcon (1949). Pour ce dernier, le réalisateur s’entoure d’une équipe qualifiée dans le domaine et surtout de Joseph Kessel, aviateur lui aussi, ami et biographe du célèbre Jean Mermoz, figure légendaire de l’Aéropostale. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Au grand balcon raconte l’histoire d’une poignée d’hommes, qui, au lendemain de la guerre, a encore soif d’aventures. Repoussant les limites humaines et techniques, ils développent les liaisons aériennes civiles et postales. Véritables héros de leurs temps, le film leur rend un magnifique hommage.
Derrière les personnages principaux – Carbot, le chef du service d’exploitation et Fabien, le pilote talentueux – les ombres de Didier Daurat, le directeur des Lignes aériennes Latécoère, et de Jean Mermoz, le célèbre pilote, traversent tout le film. Les autres personnages s’inspirent aussi de célèbres aviateurs comme Saint-Exupéry. En tête de proue de ce brillant casting, Pierre Fresnay livre ici l’une de ses plus belles prestations en incarnant Carbot, ce patron flegmatique et monosyllabique.
Ce lieu, qui donna son nom au film, a donc vu passer tous les pionniers de l’Aéropostale. Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet et leurs amis y avaient élu domicile. Véritable quartier général de ces héros de la voltige, cette pension tenue par des sœurs était située à quelques mètres de la place du Capitole à Toulouse. C’est de là que partait le tramway qui menait les aéropostiers à l’aérodrome de Montaudran. Aujourd’hui, la pension, qui a gardé son nom, est devenue l’un des plus beaux hôtels de Toulouse.
Quelques anecdotes liées au film…
Un peu d’histoire
Le 25 décembre 1918, Pierre-Georges Latécoère réalisait le premier vol des Lignes aériennes Latécoère entre Toulouse et Barcelone. Ce qui allait devenir en 1927 l’Aéropostale avec Marcel Bouilloux-Lafont était né, puis Air France en 1933.
Un siècle plus tard, en décembre 2018, la Piste des Géants – projet de reconversion culturelle du site de Montaudran – ouvrait officiellement ses portes au public.
À la recherche des personnages principaux
C’est six mois avant le début du tournage que les premières recherches d’avions commencèrent. Beaucoup furent pilonnés pendant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. Après des recherches faites dans les aéroclubs et des annonces passées dans les journaux, un vieux Caudron en parfait état est découvert, ainsi que deux Morane qui serviront pour le décor. Quant à la pièce maîtresse, un Bréguet 14, il sera prêté – après moult péripéties administratives – par le musée de l’Air. C’est Louis Bréguet lui-même qui le remettra en état de marche. Il sera démonté, puis mis en caisse et expédié pour la suite du tournage au Maroc. Et enfin exposé devant le cinéma Marignan pour la première du film, avant de retrouver le calme du musée de l’Air.
La véritable pension
Ce sont les trois sœurs Marqués qui tenaient la véritable pension « Au grand balcon », place du Capitole à Toulouse, dans les années 1920. Bercé dans le quotidien de l’Aéropostale, leur propre neveu s’est engagé dans l’aventure pour, comme bien d’autres, ne pas en revenir.
© 1949 – PATHÉ FILMS. Iconographie : Collection Fondation Jérôme Seydoux Pathé. Photos : © Henri Thibault. Conception graphique : © 2018 Pathé Films. Tous droits réservés.