L’arrivée sur le marché du transport aérien de compagnies long-courrier comme Level du groupe IAG, Norwegian ou French Bee (ex-French Blue) crée un environnement très concurrentiel auquel Air France ne saurait rester indifférente. Même si ce modèle économique de compagnies n’a pas encore prouvé sa viabilité et sa pertinence, les dirigeants ne veulent pas reproduire la même erreur commise, il y a plus de 10 ans , avec la version modèle à bas coût qui s’est installée sur le marché court-courrier. Les responsables, on s’en souvient avec superbement ignoré ces low cost naissantes pensant qu’elles ne seraient qu’un feu de paille… Ainsi, parmi les propositions de développement qui seront abordées du prochain comité central d’entreprise (CCE), figure entre autres la possibilité d’une offre long-courrier los cost portée par Air France. Pour l’heure, absolument rien n’est arrêté, c’est « juste une piste de réflexion ». La menace est d’autant plus prise au sérieux par l’équipe dirigeante que ces low cost ont des bases parisiennes, ouvertement sur le territoire d’Air France dont le modèle économique est la convergence des passagers vers les Orly et le Hub de Roissy. C’est donc une réaction salutaire de vouloir cette fois écouter la concurrence et y réagir. Ainsi, avec son rythme d’acquisition d’appareils, Norwegian, par exemple, monte en puissance. La solidité du groupe IAG et la santé financière de Lufthansa, première compagnie européenne, laissent penser que, en cas du succès économique du modèle low cost long-courrier, elles auront les moyens d’appuyer le développement de leur compagnie bas coûts respective. Ce modèle impose naturellement de faire des économies sur tous les postes… y compris celui des pilotes qui, à Air France, savent assez bien conserver leurs positions salariales. Sachant que ces derniers ne seront pas favorables à une baisse de leur rémunération, l’économie nécessaire au modèle pourrait être obtenue avec des charges moins élevées. La future compagnie low cost, si son principe devait être adopté, ne serait pas nécessairement basée en France. Un des scénarios plausibles est qu’elle pourrait être dotée d’un CTA hollandais dans le cadre du groupe Air France/KLM, ce qui permettrait, à salaire égal, de gagner 25% de charges. Cette idée de « délocaliser » une compagnie n’est pas nouvelle, cela avait été évoqué lors de la création de la proposition de Transavia Europe, projet abandonné par la suite. Pour les autres catégories de personnel, Air France a déjà des solutions moins « onéreuses » en recrutant des PNC de l’extérieur comme elle l’a fait avec Joon. Ensuite, les autres postes, maintenance et assistance en escale, seront également examinés par les costkillers. Reste à savoir ce que va devenir la compagnie à coûts modérés Joon, présentée comme une solution à la perte de parts de marché d’Air France sur certaines lignes long-courriers. Joon vise une nouvelle clientèle et Air France teste là un autre produit, plus « millénial ». Ses résultats valideront la poursuite ou pas. Une autre direction pourrait être le rachat de compagnies sur le marché. En France, plusieurs compagnies n’ayant pas la taille critique sur leur marché sont potentiellement à vendre. Ce serait une consolidation du secteur presque nécessaire. Parmi les autres orientations stratégiques d’Air France, la direction entend également « étudier avec le plus grand sérieux toutes les formes de concurrence sur le marché domestique » : celle du TGV, les nouvelles formes de mobilités ou encore les low cost court-courriers.
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