Le texte est court, mais cinglant. La Cour des comptes, le gendarme financier de l’État, vient de mettre en lumière dans son dernier rapport l’étonnant manque de professionnalisme de la Douane concernant le renouvellement de sa flotte aérienne ; plus exactement le remplacement de la quinzaine des Cessna 406 par des King Air 350 ultras équipés… L’idée au départ pouvait paraître pertinente : les King Air allant plus vite, plus loin à des altitudes plus élevées. La Douane allait disposer de moyens modernes. Mais aujourd’hui, six ans après l’arrivée du premier appareil (2011) au sein de la Douane, aucun d’eux n’est réellement opérationnel pour les missions qui devaient être couvertes par ces avions. La Douane s’est heurtée à des retards de livraisons et surtout à de nombreuses difficultés liées l’installation des différents matériels nécessaires pour ces missions. Ainsi, sur les 17 pilotes formés pour le King Air, 3 sont déjà partis en retraite. Certaines formations sur la machine ont parfois du être arrêtées plus six mois ; naturellement, pour les pilotes concernés, il a fallu reprendre tout à zéro. Autre chiffre intéressant : 117 millions d’euros ont été réglés sur les 133 prévus pour zéro avion opérationnel ! La Cour des comptes pointe des erreurs stratégiques à plusieurs niveaux. Celle de départ est certainement le manque d’anticipation concernant le renouvellement de la flotte des appareils : 30 ans d’inaction… La seconde concerne la méthode : la Douane a pris sa décision d’achat seule, aucune discussion ministérielle ni interministérielle n’est venue appuyer ce choix. Enfin, la DGA avait informé la Douane sur la complexité du projet, mais, malgré tout, cette dernière a voulu garder la maîtrise de l’installation des systèmes embarqués complexes. La livraison des avions a pris du retard, mais l’équipement des appareils a été confié à trois sociétés au lieu d’un intégrateur unique qui aurait été plus facile à piloter par l’administration. Des difficultés techniques non encore résolues ont achevé de pourrir le dossier : certains systèmes pourtant achetés par l’institution pourraient ne jamais être installés ! De plus, avant que le premier avion ne soit équipé, la Douane avait déjà acheté tous les équipements. Aujourd’hui, la Douane doit entretenir deux flottes. La Cour estime que les services de la Douane n’avaient ni les compétences ni l’expérience nécessaire pour le projet. Elle n’a eu aucun compte à rendre à l’échelon interministériel alors ses missions relèvent de ce niveau d’intervention. Il apparaît que le problème soit semblable pour la flotte navale. Au sein du personnel de la Douane, on est un peu écœuré de ce gaspillage de moyens et d’énergies.
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