Par Philippe Favarel, Photographies Denis Boehringer
Ce jeudi matin, en pénétrant sur la plate-forme de Toussus-le-Noble, la faible activité aéronautique et la fermeture des points de restauration n’engagent vraiment pas au voyage aérien. Le nôtre, pourtant, est nécessaire pour le Cercle Aéronautique du Parlement car nous devons d’abord nous rendre chez Rectimo Aviation à Chambéry pour régler les frais engagés lors du retrofit du moteur Lycoming de notre Piper, puis convoyer l’avion sous laissez-passer vers l’atelier qui l’entretient. Depuis de longs mois, notre unique avion était cloué au sol du fait des compressions hors tolérance de son moteur fatigué et l’engin, pimpant dans sa livrée toute neuve, avec son intérieur fleurant bon le cuir neuf, nous narguait avec une sérénité due à 46 années d’expérience, attendant que nous prenions une décision.
C’est donc en dehors de l’aérodrome que nous nous retrouvons pour un café-crème, Jacques, Denis et moi-même, afin d’envisager les vols du jour et les perspectives d’avenir de l’association que je préside. Les derniers METAR et TAF de Chambéry nous incitent à traîner une demi-heure de plus afin de permettre au soleil de chauffer la terre et de dissiper le brouillard à l’arrivée, nous revoyons donc tranquillement nos dossiers tout en profitant de l’étrange douceur qui prévaut en ce début novembre…
Le Mooney N77GJ patiente devant le hangar de France Aviation, lieu mythique que l’on a connu grouillant d’activité et de bonne humeur grâce à Henri Bardin, au large sourire et à la voix forte qui résonnait dans les couloirs de l’entreprise. Tout ceci appartient désormais au passé et nous devons slalomer en silence entre des avions de propriétaires et des outils de chantier, ce qui donne un aspect surréaliste à cet endroit voué à la démolition totale.
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