Le gouvernement a présenté mardi 9 juin son plan de soutien à l’aéronautique. La somme est conséquente : 15 milliards pour aider les entreprises du secteur et les compagnies aériennes. En fait, il serait peut-être plus juste de dire la compagnie aérienne, Air France pour mieux la nommer. Notre pavillon national a été aidé à hauteur de 7 milliards et cette somme appartient à l’enveloppe globale présentée par Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie et des Finances. Rappelons que ce montant est attribué à Air France sous la forme de prêts dont une partie est directement garantie par l’État.
Mais ce plan supposé aider l’aérien ne comporte aucune aide pour les autres acteurs du secteur de l’aéronautique : les autres compagnies aériennes, les compagnies d’aviation d’hélicoptères, d’aviation d’affaires, les sociétés de maintenance, de handling, les organismes de formation. C’est ce qui fait dire au Syndicat des compagnies aériennes autonomes (SCARA) que l’État a décidé d’abandonner tous ces acteurs en pleine crise du COVID-19. Les responsables du syndicat sont particulièrement désappointés : ils ont pu lire dans le dossier de presse que l’État avait pleinement conscience des difficultés des compagnies aériennes (plus de revenus et coûts opérationnels importants), nécessitant une aide des autorités nationales et de leurs actionnaires.
Ils contestent également cette aide soulignant la situation de distorsion de concurrence qu’elle peut engendrer se posant ouvertement la question si elle est compatible avec le règlement européen. Ils considèrent que cette décision va accélérer les disparitions de compagnies et d’emplois. Il fallait s’attendre à cette réaction dans la mesure où la réponse de l’État ne fait absolument pas allusion aux demandes précises du SCARA en matière d’aide au transport. Le syndicat avait envoyé une série de demandes concernant les taxes qui pèsent sur l’aérien (entre autre), précisément au moment où Air France a été aidée. « Bref, rien de nouveau pour le transport aérien », déplore ce responsable de la communication d’une compagnie aérienne.
Concernant l’industrie, en revanche, le soutien est sans équivoque. Cette aide se décline dans trois domaines. Le premier est celui des entreprises sur le plan économique et plus particulièrement leurs salariés. Ainsi dans le secteur de la fabrication des matériels de transport, 651 sites industriels ont demandé de bénéficier de l’activité partielle. 1,5 milliard du plan est consacré à préserver les emplois en période de fort repli de l’activité. Autre aspect de ce plan : la mise en place d’un régime d’activité partielle de longue durée ainsi que l’emploi des salariés dans d’autres entreprises. Un second volet de plan est de développer une politique d’investissement dans les PME et ETI au travers de fonds d’investissement afin de leur permettre de moderniser l’outil de production et d’opérer leur transformation digitale. Il s’agit d’intervenir également au niveau des fonds propres.
Un autre volet est d’investir pour concevoir l’avion de demain, mais également pour financer un transport encore plus respectueux de l’environnement : nouveaux avions hybrides, réduction de la consommation du carburant et usage de ceux neutres en carbone. Ce volet recevra 1,5 milliard d’euros d’aides publiques sur les trois prochaines années, dont 300 millions, au titre de 2020. Outre l’aide à Air France, ce plan prévoit également des commandes de matériels au profit de la gendarmerie, de la Sécurité civile et de la Défense. Décidément, les hommes politiques restent singulièrement indécis avec leur transport aérien au point de l’aider du bout des lèvres… Et cela fait des années que cela dure.