Olivier Monnot est pilote de ligne chez HOP ! Nous avons, par ailleurs, le plaisir de l’accueillir lors du Salon des Formations et Métiers Aéronautiques qui se tient au musée de l’Air en février. Il intervient pour apporter son témoignage lors des conférences sur le métier de pilote de ligne. Il développe sa chaîne Youtube et lors d’une de ses dernières publications, il s’est intéressé avec beaucoup de pertinence et d’acuité à cette problématique : devenir pilote de ligne. Le sujet de manque pas d’intérêt. Il évoque divers scénarii que nous abordons lors de nos conférences. Faut-il se lancer ? Faut-il continuer si j’ai commencé ? Que faire en cas de pénurie ? Etc. Tous ceux qui observent le transport aérien ont compris qu’il subit là une de ses plus graves crises. Non seulement les compagnies ne volent plus ou très peu, mais le temps de revenir à une situation normale est estimé à deux ans minimum.
Les raisons sont simples : il faut que la confiance des passagers loisirs (principalement) revienne, il faut que les différentes frontières s’ouvrent et surtout le besoin des entreprises en matière de transport remonte en puissance. Cette dernière « condition » n’est envisageable que si logiquement la santé de l’économie redevient meilleure. Autant dire que cette hypothèse prendra du temps. On se retrouve donc bien dans une situation sinistrée de l’aérien. Cet état va naturellement avoir une conséquence directe sur l’emploi et donc conditionner l’envie et la possibilité de faire une carrière de pilote de ligne. On assiste à des vagues de licenciements, certaines compagnies vont faire faillite, les plus grandes soutenues par l’État mettront du temps à repartir. Bref, on est dans une situation plus préoccupante que 2008. Non seulement on n’embauchera pas, mais il y aura des pilotes « dehors », c’est-à-dire au chômage, formés et qualifiés.
Quelles sont les conséquences pour ceux qui veulent se lancer ? Ceux qui sont déjà en formation doivent continuer, la question ne se pose même pas. Après, ils seront qualifiés pour être professionnels et donc capables de prendre un job de pilote, dans une petite entreprise ou une plus grande. Ceux qui n’ont pas encore commencé se poseront la question de savoir s’il faut se lancer, une interrogation qui saisira également les parents. Il convient de réfléchir. Les embauches en compagnie sont conditionnées par deux critères principaux : les départs à la retraite et la conjoncture. Pour les premiers, il y a peu de chance qu’ils soient différés.
Au contraire : quand une compagnie aura besoin de licencier des pilotes, on fait plutôt partir les plus anciens d’abord. La conjoncture en revanche s’améliorera lentement, voire très lentement. Par ailleurs, si les embauches reprennent (difficile à prévoir), elles concerneront d’abord les pilotes au chômage déjà formés, et ce pour des raisons évidentes de coûts et de ressources. Les pilotes low timer sortant d’école devront encore se bagarrer pour trouver une place en poste. Avant le virus, l’emploi pilote était bien reparti à la hausse. Les organismes de formation avaient fait le plein d’élèves… Donc, il n’est peut-être pas urgent de se précipiter. Naturellement, aucune décision ne peut être prise, sans une analyse des enjeux personnels et des informations du transport aérien. Cette analyse devra s’appuyer sur la conjoncture, les conseils des organismes de formation, voire votre réseau si certain de vos proches sont déjà pilotes en compagnie.
https://www.youtube.com/watch?v=QYYX0pqlsks