Il y a des avions qui ont le pouvoir d’électrifier un tarmac par leur seule présence. Le PC-24 a ce pouvoir. Bas sur son train, la bête attend, tapie sur sa place de parking, tel un félin en chasse. C’est la fin de l’été, nous sommes à Figari pour un vol retour Le Bourget. La lumière orangée d’une journée qui touche à sa fin s’accroche sur les lignes tendues de la machine. Cela fait un an que je côtoie cet avion quotidiennement, mais, à mesure que je m’approche, un sourire en coin me monte aux lèvres, de l’impatience, presque de l’excitation… C’est bon signe. Mon commandant fait monter les passagers et les installe dans la large cabine, moi, je file donner un coup de main à l’équipe sol pour charger les quelques bagages, avant de faire le tour de l’avion. Je passe ma main sur l’aile, pièce maîtresse de ce design : une légère flèche, pas de bec de bords d’attaque. Et, surtout, une construction monobloc, le rêve d’Howard Hugues : sous ma main, aucun rivet. Je monte à bord et le commandant me remet dans la boucle. Deux check-lists plus tard, les moteurs tournent. Les Williams sont suffisamment lestes pour démarrer sur batterie, aussi, il ne s’est pas passé plus de cinq minutes entre le verrouillage de la porte et notre entrée sur la piste. Le vrai luxe aujourd’hui : c’est gagner du temps. « Cleared for take-off ! » : je lâche les freins et pousse les manettes en avant jusqu’à sentir l’auto-trust prendre le relais. L’accélération est progressive, mais vigoureuse : « V1 – rotate ». Une légère traction du manche vers moi et l’ensemble quitte le sol en douceur. Le train rentre, l’assiette augmente, direction la stratosphère. Il est l’heure d’offrir à nos passagers un inoubliable coucher de soleil sur la Méditerranée.
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