Mettre de l’ordre dans le milieu des écoles de pilotage est devenue une nécessité. Il y a trois ans, l’école Airways College formant des pilotes professionnels, faisait faillite laissant sur le carreau près de 200 pilotes. La plupart d’entre eux avaient versé une partie du coût de la formation, quand ce n’était pas la totalité du budget. Pourtant cette école disposait, comme bon nombre d’organismes professionnels de formation de pilote, d’un agrément de type ATO, délivré par l’Autorité, plus exactement, la Direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC) locale. Cet agrément, capital pour ouvrir un organisme de formation, fait le point sur les programmes, les instructeurs, les dirigeants, les moyens pédagogiques, les salles de cours, les toilettes…
Et pourtant, cela n’empêche pas des écoles de fermer en laissant des gens sur la touche par l’incurie de certains responsables voire la malhonnêteté d’autres. Cet agrément est attribué aux dirigeants qui remplissent bien les bonnes cases. Airways ne publiait pas ses comptes. À moins d’une falsification de comptabilité toujours possible, la publication des comptes donne une petite idée de la santé d’une entreprise…
Depuis Airways College, Eatis dans l’Est, Alpes Aero à Annecy ont fermé. Ces écoles de pilotage étaient également titulaires du fameux agrément. Dans le cas d’Eatis, on a appris que les avions n’étaient pas assurés ni entretenus, ce qui pourrait légitimement entrer dans le champ de compétences de la DGAC, assurance et maintenance. À ce titre, quand la DSAC locale a eu assez d’arguments, elle a porté l’affaire devant le préfet qui a suspendu l’ATO. Pour Airways Collège, tout le monde s’est étonné que l’administration, pourtant si rigoureuse habituellement, n’ai pas mis le nez dans les affaires de l’école. La réponse est simple, tellement simple : l’administration n’a officiellement pas les moyens de contrôler l’état de santé financier d’une école. Elle n’a pas les ressources pour s »assurer de la viabilité d’un organisme de formation, or la réglementation européenne (que la DGAC est donc censée respecter) exige pourtant que les Autorités de l’Aviation civile des pays membres disposent de personnels en nombre et suffisamment qualifiés pour leurs tâches.
Mais aujourd’hui, l’administration sent que quelque chose cloche dans son dispositif. Une réunion devrait avoir lieu prochainement au sein de la DGAC entre la Mission aviation légère générale et des hélicoptères (MALGH) qui dépend de la DGAC, l’Association professionnelle des navigants de l’aviation (APNA) présidée par Goeffroy Bouvet et le Groupement des industriels et professionnels de l’aviation générale (GIPAG) présidé par Ghislaine Barrère. Lors de cette réunion, l’APNA envisage, notamment, de faire des propositions concrètes à l’administration.
L’objectif est qu’elle soit un peu plus garante de la sécurité du parcours de formation pour les élèves pilotes de ligne. Pour mémoire, une formation coûte entre 80 et 120 000 euros. Ainsi pourquoi ne pas vérifier la viabilité d’un ATO selon les méthodes de la direction du Transport de la DGAC ? Il serait pertinent de mettre en place une licence d’exploitation comparable à celle qui permet aux compagnies aériennes de voler. Grâce à cette licence, l’ATO aurait le droit d’exercer son activité et surtout être contrôlé, plaçant un peu plus les élèves à l’abri de possibles difficultés. De son côté, Ghislaine Barrère interrogera la DGAC sur le statut des instructeurs qui sont souvent en autoentrepreneurs. Cette situation présente le risque pour un stagiaire d’une formation perturbée, compte tenu du possible turn-over des jeunes formateurs dont la principale vocation est d’être embauchés en compagnie aérienne. Réponse dans quelques jours.