Le Tiger Moth survole le trait de côte à une centaine de pieds. D’un côté, l’océan, de l’autre, une plage désertique. Dessous, des flamants roses s’envolent. L’écharpe blanche du pilote flotte le long de l’habitacle. Sa passagère lui tend la main. On voudrait que la séquence dure longtemps. Ce passage du film « Out of Africa » ne m’a jamais quitté… C’est, à mon goût, la quintessence de l’aviation : découvrir, faire découvrir, se sentir libre, défier le monde, l’apesanteur. Aujourd’hui, ce lundi 8 mai, je m’apprête à devenir un peu Denys Finch Hatton, le pilote du Tigre Mou… Installé à l’avant du Stampe du Vol des Aigles, dans le calme, je prends le temps de regarder silencieusement, au-dessus de moi, les deux ailes de mon aéronef. Je scrute tous les détails, l’entoilage, les croisillons, mon saute-vent, le manomètre placé sur le côté, les petites portes… Tout cela m’impressionne, je pense à ces générations de pilotes qui ont posé leurs fesses sur mon siège. J’entrouvre une brèche dans l’espace-temps pour faire un vol d’histoire. Je pense à ces aventuriers qui ont forgé la culture de l’exploit, celui du courage. J’ai une pensée pour Adrienne Bolland et sa traversée de la cordillère des Andes, bien avant Mermoz et Guillaumet. Je vais chiper un peu de ces faits d’armes.
[…]