Pour leur soirée du réveillon de la Saint-Sylvestre 2021, trois pilotes d’Air France ont vécu une expérience peu agréable lors d’un vol Brazzaville/Paris-Charles de Gaulle. À la suite d’une fuite de carburant au-dessus du continent africain, le vol AF735V a été interrompu dans son programme de vol et l’avion s’est posé à N’Djamena, au Tchad. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses a été saisi dès le lendemain et a rendu un rapport, il y a quelques semaines, qui s’est ensuite répandu comme une traînée de poudre et notamment dans la presse, toujours prompte à croquer le transport aérien comme potentiellement accidentogène. On le sait, il faut toujours s’intéresser aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. Les conclusions du BEA sont assez sévères avec, comme conséquence médiatique, une image assez négative pour la compagnie nationale. Peu de temps après, on apprenait que, dans un autre contexte, deux pilotes en étaient venus aux mains sur fond de désaccord… Revenons sur le vol. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses assume un rôle officiel d’expert et décrit en détail l’événement avec ses tenants et ses aboutissants. L’avion décolle à 21 h 13 de Brazzaville à destination de Charles de Gaulle avec 45,5 tonnes de carburant. Au bout de 20 minutes de vol, le commandant de bord détecte une perte de 1,4 tonne de kérosène. Il va se coucher demandant aux deux copilotes de surveiller la situation. 20 minutes plus tard, ils le rappellent, car il manque 2,1 tonnes. Il faut alors lancer la procédure « Fuel Leak » qui prévoit d’éteindre le moteur de la fuite et un déroutement dès que possible, il est 22 h 14. 22 minutes plus tard, l’équipage lance la procédure d’analyse FORDEC (faits, options, risques, décision, exécution et « c » pour check). Il est bien en présence d’une fuite de carburant, les options sont le déroutement vers Yaoundé au Cameroun ou vers N’Djamena au Tchad. Quant au risque (le R de FORDEC), le commandant de bord estime que couper le moteur n’est pas une situation « super sympa ».
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