Quelle liberté procure l’ULM ! Les luttes menées pour obtenir une extension de la MTOM à 600 kg ou une puissance accrue – qui semblent, du moins en première analyse, reléguer le mouvement ulmiste français au rang de parent arriéré et rétrograde de l’Europe – font que j’aurais tendance à oublier l’étonnante permissivité de la discipline. Jugez-en. Nous sommes à Bellegarde mi-juillet, en milieu de matinée, la température est encore supportable car l’aérodrome est niché en altitude, le long du massif du Jura. Comme on dit, la montagne, cela vous gagne et le pilote de plaine respire à pleins poumons cet environnement inhabituel. Je suis en compagnie de Franck Luthi, l’importateur français Tecnam, je viens d’atterrir après un vol au-dessus des montagnettes, avec en points de mire, au loin, la chaîne des Aravis, ou à l’horizon, le Mont-Blanc dont Franck m’a dessiné du doigt les contreforts estompés du fait d’un voile de pollution. Nous venons de réaliser une prise en main des plus classiques aux commandes de la nouvelle version du Tecnam P92, variante ULM cette fois, quand j’apprends que Jean-Michel et René Claret, l’associé de Franck, sont allés se poser sur l’altisurface de Corlier (LFJD) en s’en revenant de notre vol en formation afin d’assurer les illustrations de cet article : 299 m de piste, avec 40 m de dégagement qui ne servent pas à grand-chose si on a mal contrôlé son plan et sa vitesse – au moins un malchanceux a fini sa course dans le talus, un autre dans les arbres en remettant les gaz tardivement – mais surtout une pente à 16 %, voilà qui est excitant, c’est pratiquement Courchevel, et cela me rend envieux.
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