Lorsque l’on tombe sur deux biplaces motorisés par un moteur Rotax, on les trouve le plus souvent plutôt jolis, même s’ils n’impressionnent pas par leur présence sur le parking. Ils deviennent plus virils dès que l’on voit un pendulaire se garer à côté d’eux, mais redeviennent des schtroumpfs dès qu’un Cessna 172 ou un Piper PA-28 se présente. Et si vous ajoutez un Pilatus PC-6 Turbo Porter amphibie, ils cessent tout simplement d’exister, tant la présence de l’appareil suisse est imposante. Le PC-6 est énorme, encore rehaussé par ses flotteurs amphibies, sa silhouette carrée, taillée à la hache, est mise en évidence par le décor jaune choisi par le propriétaire. Mais soyons réalistes, le PC-6 est laid. Tellement laid qu’il en devient magnifique. De surcroît, il est tellement impressionnant et intimidant que l’on ne peut que s’imaginer aux commandes d’un tel monstre. Dès qu’une machine comme celle-ci atterrit, les spectateurs se précipitent pour l’admirer, les pompiers se massent pour l’examiner, comme des maîtres d’hôtel se rueraient sur un inspecteur du guide Michelin démasqué. En clair, si vous n’appréciez pas cet avion à sa juste valeur, vous n’avez décidément pas l’âme aéronautique ! Les premiers Porter sont sortis de la chaîne de production Suisse en 1959, propulsés par un gros moteur à pistons réducté Lycoming de 340 ch. Les dernières courbes disponibles au sein du bureau de conception de l’entreprise ont probablement été utilisées sur les capots moteurs, car le reste de la cellule a dû se contenter de lignes droites et d’angles vifs, une conception, enfin, façon de parler, qui n’a pas varié avec chacune des quelque 600 cellules qui ont été construites. Il ne fallut pas longtemps avant que le moteur à pistons ne soit remplacé par une turbine, d’abord une turbine française Astazou II, puis une turbine Garrett et finalement, en mai 1964, avec le turbopropulseur de « faible » puissance le plus connu au monde, la Pratt & Whitney Canada PT6A.
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