L’aide annoncée par le Premier ministre le 12 mars pour alléger la facture énergétique des Français face à la hausse des prix des carburants s’est traduite le 26 mars par un décret (n° 2022-423). Il fixe les modalités de son application et les publics concernés. Comme convenu, le montant de la « réduction » est de 15 euros pour un hectolitre, soit 0,15 centime par litre. Mais, une fois encore, l’aérien est totalement oublié dans ces mesures : « sont exclus les carburants aériens, y compris l’essence d’aviation, les combustibles, ainsi que les produits utilisés autres que comme carburants dans l’industrie et les produits exonérés au titre de la production d’électricité ou d’autres produits énergétiques ».
En clair, le transport maritime, ferroviaire et routier, les particuliers, les agriculteurs, les engins de travaux publics sont concernés par le geste « généreux » de l’État. Mais, contre toute attente, et sans explication, l’aviation ne le sera pas. Sans doute a-t-on pensé en haut lieu que les pilotes privés devaient être économiquement hors du besoin énergétique de la plupart des Français. Injuste, bien sûr. Mais les dirigeants semblent également avoir oublié qu’il existe une aviation professionnelle de travail aérien et de formation fonctionnant à l’essence avion. Ne pas les avoir mis dans la boucle de ce coup de pouce énergétique est une authentique discrimination. Cela se double dans certains cas d’une véritable concurrence déloyale vis-à-vis de tous les exploitants d’aéronefs qui utilisent des appareils carburant à l’essence auto, et plus précisément les ULM. Leurs exploitants ne manqueront pas de venir se placer sur des marchés où leurs concurrents potentiels utilisent de l’essence avion.
Globalement, cette discrimination est loin d’être anodine pour les entreprises de travail aérien et de formation. Pour cette société spécialisée dans l’acquisition de données par voie aérienne, ce non-cadeau de l’État se chiffrerait pourtant en économie potentielle. Cette entreprise réalise en effet 5000 heures de vol par an avec des appareils consommant 50 litres à l’heure, soit, en comptant les 0,15 centime d’économie potentiel, un montant de 3125 euros par mois qui pourrait être économisé, 12 500 pour la période de 4 mois. À cela, il faut également pour cette société qui entretient des moteurs, le carburant pour les essais, soit 125 euros par mois possible. Pour cette école de pilotage qui réalise 8000 heures de vol par an, la perte par « non-économie » est de 24 000 euros pour les 4 mois de la mesure. Le GIPAG s’apprête à prendre position, au travers de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers, en écrivant au ministre Jean-Baptiste Djebbari ou à son successeur…