Récemment, je racontais à un ami le plaisir que j’avais pris à convoyer fin octobre un Piper à train fixe, avec un simple moteur de 180 ch, et de voyager paisiblement quand il m’a dit : « Tu sais, ce genre d’avion, c’est ce qu’on appelle un avion de voyage dans mon aéroclub, et c’est une sorte d’aboutissement pour beaucoup de pilotes… Tu aurais oublié ? » C’était effectivement le cas et cet Archer III a eu le même effet que la madeleine pour Proust, il m’a ramené à une époque oubliée, et si je tapote sur mon clavier avec mon enthousiasme habituel, je le fais avec un brin de nostalgie en plus. Mardi. Dans l’après-midi, me voilà arrivant à Fort-de-France Aimé Césaire, en Martinique, pour la première fois de ma vie. Intrigué car je me suis promené en avion léger à plusieurs reprises autour de la mer des Caraïbes, entre les Bahamas et les îles au nord du Belize, mais j’ai manqué les Antilles françaises, pourtant si réputées. Pendant mon vol à bord d’un A350-900 d’Air Caraïbes, plein comme un œuf malgré la pandémie, j’ai potassé le manuel de vol du Piper Archer III, dont j’ai imprimé tout ce qui a trait aux performances de l’avion car il ne contient que 48 USG d’Avgas, ce qui me semble limitatif. Il va donc me falloir choisir avec précision mes escales si je veux attraper mon vol Air Canada vendredi soir à Montréal Pierre-Eliot-Trudeau. Tourisme interdit, ce n’est du reste guère possible quand on est seul à bord, sans personne pour vous détourner du droit chemin.
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