Il y a une quinzaine d’années, on se souvient tous de cette frénésie créatrice du milieu ULM. Plus rapides, plus hauts, plus équipés, il fallait que les ultralégers ressemblent à des avions avec la certification en moins, cette liberté débloquait les énergies et les imaginations… Tous les ans ou presque, il y avait une « fusée » trois axes de plus. Certes, elles s’éloignaient de l’esprit du milieu, mais certains, en tout cas, en reconnaissent aujourd’hui les bienfaits : l’invitation au voyage. À un autre endroit du spectre, il y a les pilotes qui optent pour une aviation plus légère, prenant son temps, sans s’affranchir du plaisir de piloter. Depuis un peu moins de 30 ans, le Tetras est l’un de leurs appareils. À la base, il désigne un piaf élégant des Alpes, plutôt une espèce rare que l’on tente de protéger et qui fait partie de l’intimité des sommets, par nécessité climatique. Le Tetras est un ULM biplace côte à côte, configuration aile haute haubanée de conception classique. À ce titre, il n’entrera jamais dans le Guinness des records côté performances, mais il pourrait y figurer dans la rubrique « un avion, un pilote » par l’attachement presque viscéral qu’il crée entre les deux. Pilote de Tetras un jour, pilote de Tetras toujours. Et ceux qui le quittent en gardent des trémolos dans l’avant-bras tant la bécane était une traduction en treillis soudé du plaisir. En fait, parfois, on s’en éloigne pour mieux y revenir. Les raisons qui animent la secte joviale de pilotes de Tetras tiennent en quelques mots : l’aéronef est simple, fiable, classique, sain et joueur si on l’invite. Il est surtout bien né : même les modèles anciens peuvent recevoir toutes les modifications qui ont émaillé la vie de l’ULM. L’appareil est simple de conception, un treillis soudé de tubes 25CD4D Norme Air 9160/C qui confère au fuselage une rigidité qui a construit la légende.
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