Un peu avant 5 heures, ce 1er avril 1921, Adrienne Bolland est déjà sur le petit terrain d’aviation de Los Tamarindos près de Mendoza, en Argentine. L’avion est poussé hors de la tente qui l’abritait et elle en fait le tour, inquiète. Une magnéto en bon état pour son Caudron G3 est arrivée par le train quelques heures auparavant, elle a été tout de suite remontée par le mécano René Duperrier. Les journalistes sont déjà là, toute l’Amérique du sud sait qu’Adrienne projette de traverser la cordillère des Andes par une route directe qui passe par le col de la Cumbre. Son projet fou défraye la chronique. Sur place, la communauté française, diplomates et hommes d’affaires, estime l’entreprise insensée, risquant de faire du tort à la France. Il faut dire que, précédemment, 5 cinq pilotes se sont déjà tués dans la montagne. Ce matin-là, le patron de l’hôtel où elle est descendue est venu en personne lui apporter du café, les yeux humides pensant, comme pas mal de monde, qu’on ne la reverra plus. Malgré les trois nuits blanches, Adrienne est très concentrée et résolue à passer. Elle ne dispose pas de beaucoup de moyens, elle s’est couverte comme elle a pu. Enduite de graisse, elle porte un pyjama de soie, une combinaison de coton, de vieux journaux, un gros col roulé et une combinaison de vol.
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