Après l’Union des aéroports français (UAF), c’est au tour du Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) de faire entendre son opposition aux principales mesures du volet transport du Projet de loi contre le réchauffement climatique. Ses dirigeants ont été reçus par la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi. Les quatre mesures principales étaient, on le rappelle, un renforcement des taxations existantes sur le transport aérien, la fin des liaisons aériennes pour lesquelles il existe une alternative de transport ferroviaire, l’interdiction de la construction de nouveaux aéroports et l’imposition en plus un système de compensation carbone pour les vols domestiques.
Le SCARA estime que les mesures envisagées sont discriminatoires, inefficaces pour atteindre les objectifs environnementaux fixés, mais également incohérentes. Il rappelle que le maintien, voire le développement, de la Taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA ou taxe « Chirac » dans sa partie environnementale) vient s’ajouter à deux compensations déjà supportées par le seul transport aérien : le programme européen Emission Trading System (ETS), dans lequel les compagnies aériennes payent une compensation financière sur le carburant qu’elles consomment, et le programme CORSIA. Avec lui, l’industrie du transport aérien est la première et la seule industrie, à avoir mis en place un système de compensation d’émission du CO2 au niveau mondial au profit de projets de reforestation, de production d’énergies renouvelables, et autres, accrédités par l’OACI. Les autres modes de transport pourtant également émetteurs de CO2 ne sont concernés par aucune des taxes.
Cette situation risque de compromettre la rentabilité globale des compagnies aériennes françaises, car l’essentiel de leurs opérations sont réalisées au départ de la France, cette taxe contribue dégrader leur compétitivité face à leurs concurrents étrangers, dont les opérations au départ de France ne sont qu’une partie de leurs activités. C’est donc bien une taxe franco-française qui affaiblirait les entreprises hexagonales face aux compagnies étrangères, non concernées par cette taxe. De plus, s’agissant des vols domestiques, les voyageurs prendront le train qui, selon le Scara, est aussi polluant d’un point global. Naturellement, l’association fait sien l’argument que la construction et de la maintenance des infrastructures ferroviaires sont loin d’être sans impact sur le plan écologique.
De plus, l’énergie nécessaire à la propulsion des TGV provient de centrales nucléaires (d’autres défis écologiques à résoudre dans l’avenir) ou de centrales thermiques qui ne sont pas neutres en matière d’émission de CO2. Le Scara dénonce également l’absence de cohérence entre l’interdiction des vols et le futur programme de compensation du programme Corsia pour les vols domestiques. De même, l’interdiction de construire de nouveaux aéroports ou d’étendre ceux existants d’aéroports existants reste contre-productive dès lors que le transport aérien aura compensé ses émissions de CO2. De plus, les aéroports sont également engagés dans un programme de compensation de leurs propres émissions de CO2 à l’horizon 2050 intitulé Airport Carbon Accreditation.
Le transport aérien représente entre 2 et 3 % des émissions de CO2. Ces émissions, par passager transporté, ont été divisées par deux au cours des 30 dernières années. Le Scara a, une nouvelle fois, rappelé les efforts permanents fournis par l’industrie du transport aérien pour réduire les émissions de CO2, au travers de l’amélioration des technologies et d’une optimisation des routes aériennes.