La loi Climat et Résilience présentée le 10 février au Conseil des ministres entérine bien la fin des liaisons aériennes quand il existe une alternative ferroviaire de moins de deux heures trente. Nantes/Orly, Bordeaux/Orly, Lyon/Orly ou encore Marseille/Lyon sont donc rayées de la carte du transport aérien dans le texte du projet de loi qui sera débattu au parlement dans quelques jours. Selon les déclarations de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, celle loi mettra fin au recours à l’avion pour une réunion de travail…
L’Union des aéroports français (UAF) a été auditionnée le 22 février par le député Jean-Marc Zulesi rapporteur de la partie « Se déplacer » du projet. L’association s’est naturellement prononcée contre cette interdiction des lignes aériennes. Elle a rappelé qu’il existait déjà un système de compensation des émissions de co2 rendue obligatoire pour les compagnies aériennes et cette interdiction serait, selon elle, en contradiction avec le dispositif de compensation. Autre argument de poids, souvent soulevé contre cette interdiction : sa validité au plan européen. L’association a rappelé au député que cette forme d’interdiction pouvait se justifier pour faire face à de graves problèmes d’environnement avec un impact local et temporaire, ce qui n’est pas le cas de l’émission des gaz à effet de serre. Ils ont un effet plus durable. Voilà pourquoi l’UAF met en doute le fondement juridique de cet article de loi qui ne doit pas être un outil de lutte contre le changement climatique. À ce titre, l’UAF et l’ACI EUROPE (Airport Council International EUROPE) ont décidé de saisir la Commission européenne. Une décision qui était inévitable depuis des mois.
L’UAF souligne également que cette décision d’interdiction aura des gains insignifiants en matière d’émissions co2 alors que l’impact du transport aérien intérieur n’est que de 1,1 % des émissions. L’UAF met également l’accent l’impact économique négatif sur les territoires concernés. Le rapport bénéfice/inconvénient est nettement en défaveur des passagers qui ont un besoin de mobilité rapide. Par ailleurs, la France sera seule à prendre cette décision en Europe. La lutte pour la transition écologique aurait certainement plus de légitimité. Enfin, le transport aérien le plus nocif est le trafic long-courrier.