L’ancien pilote de l’Aéronavale Gilles Ruzel est différent de tous les pilotes que j’ai jamais rencontrés. Au point de m’inciter à commencer mon article par ce dernier car c’est à cause de lui que je vous raconte le HondaJet, ce petit biréacteur d’affaires au dessin si différent de celui des autres jets qu’il pourrait effectivement avoir été inspiré par d’élégants escarpins signés Salvatore Ferragamo, comme le raconte Michimasa Fujino, son designer, CEO de la Honda Aircraft Company. L’année dernière, j’avais rencontré Gilles à l’occasion d’un vol à Avignon, entre deux confinements, en pleine psychose, chez Pierre Pelletier, le patron d’ATA. Nous avions aussitôt filé tous ensemble vers le restaurant de l’aéroport, étonnamment bondé par la grâce d’un optimisme propre aux Méditerranéens, j’imagine. Et Gilles m’avait très vite interpellé : « Il faut que je te dise, ton article sur le HondaJet m’a déçu ! » Je me souvenais bien sûr de cet article, publié quelques années auparavant, et j’avais donc défendu le travail de notre ami Olivier Demacon. En fait, c’était bien plus qu’un essai car Olivier avait volé au moins une quinzaine d’heures sur l’avion en question, un HondaJet livré en 2017, SN 55, attendu pendant dix ans par Julian MacQueen, son propriétaire britannique.
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