Selon moi, la détresse et l’urgence ne font pas partie de l’obsession mentale, et encore moins du vocabulaire de celui qui pilote pour ses loisirs, c’est-à-dire à ses frais. Si c’est le cas, mieux vaut qu’il ait une occupation moins dispendieuse. Notez que je ne veux pas dire par là que les pilotes privés ne doivent pas s’entraîner à gérer l’incident ou la panne, bien sûr que non, je le fais personnellement à travers des formations complémentaires, des vols en double, des entraînements récurrents avec les copains instructeurs. Quant à la préparation mentale, elle s’impose pour le vol le plus simple, avec ou sans charge d’âme, et pas moins que lorsque je m’apprête à entreprendre un vol difficile. Dans tous les cas, je pense aux éventuelles pannes moteur ou autres possibles, et s’il s’agit d’un vol long qui sort vraiment de la routine, cela peut me rendre inattentif aux autres, le temps de peser les risques, de mettre tous les atouts disponibles dans ma manche, d’établir la route la plus sûre quand il y a le choix ainsi qu’une stratégie, et de m’assurer que j’ai l’attirail complet qui permet de survivre en cas de coup du sort. Mais, une fois prêt, je suis toujours serein, confiant dans la fiabilité du matériel et en ma capacité à mener à bien la mission. Si ce n’est pas le cas, je ne pars pas, évidemment.
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