Dassault a présenté de manière originale son nouveau Falcon, le 6X, lors d’un roll out sans public dans son usine de Mérignac mais largement diffusé sur les réseaux sociaux et YouTube. Il n’y avait pas ce bruissement de surprise étouffée comme lors des précédents événements du même genre. Mais l’émotion est presque intacte après des mois de travail. L’appareil est de la classe des 10 000 km (5500 nautiques, 10 186 km), il dispose d’une largeur cabine de 2,58 m pour 1,98 de haut, plus large, et plus que son prédécesseur le vaisseau amiral de la flotte, le Falcon 8X.
La longueur de sa cabine est pratiquement celle du 8X. Il peut emporter 16 passagers (14 pour le 8X) dans un confort que le constructeur s’efforce de rendre le plus absolu à chaque nouvel appareil. Éric Trappier l’a rappelé lors de la présentation : le Falcon 6X est à la fois un lieu de travail et un lieu de vie, il faut donc que les moyens de communication soient les plus efficaces (connectivité et Internet, réseau interne de visionnage haute définition) quant à la vie à bord, elle est rendue plus agréable par une pressurisation performante avec un air renouvelé dix fois par jour. Il est « passenger centric », orienté donc sur les attentes des passagers : l’objectif est qu’ils arrivent à leur destination dans les meilleures conditions de confort.
L’avion est également « pilot centric » avec un cockpit plus large, 30 % de surfaces vitrées en plus, une accessibilité plus aisée et surtout les commandes de vols électriques introduites sur le 7X et qui bénéficient de toute l’expérience militaire dans le domaine. Le système de commande de vol numérique (DFCS) de nouvelle génération offre une meilleure maniabilité et une meilleure protection de l’aéronef sur les commandes de vol principales et secondaires. Le DFCS commande toutes les gouvernes de vol, y compris les lamelles et les volets, et chaque surface est multifonctionnel pour des performances optimales. Le DFCS intègre également la direction de la roue avant pour une conduite plus sûre sur piste par fort vent de travers ou sur piste mouillée. Il faut ajouter à cela le système EASy de nouvelle génération, alimenté par la plate-forme Primus Epic de Honeywell.
Parmi les nouvelles fonctionnalités, citons un système intégré de communication par liaison de données contrôleur-pilote (CPDLC) et le radar météorologique couleur 3D RDR 4000 IntuVue qui fournit une détection prédictive de la foudre et de la grêle ainsi qu’une détection de turbulence Doppler à 60 nm. Des conditions météorologiques dangereuses et la définition verticale des orages peuvent être observées à des distances allant jusqu’à 320 nm. L’avion dispose également du système FalconEye, une caméra multicapteur fournissant des images de qualité dans les spectres visible et infrarouge. Ces images sont combinées à trois bases de données mondiales de vision synthétique cartographiant le terrain, les obstacles, la navigation et les données d’aéroport et de piste.
Côté voilure, l’efficacité de l’aile permet des approches à faible vitesse (environ 109 Kts) autorisant l’accès à des pistes comme London City. Le 6X utilise des moteurs P & W de la série 800 à l’utilisation éprouvée. Le premier vol devrait avoir lieu en 2021 pour une entrée en service en 2022. C’est donc un événement important permettant à Dassault d’affronter une concurrence soutenue face à Bombardier et Gulfstream sur le secteur des avions à long rayon d’action. Même si le 6X n’a pas « les pattes les plus longues », il offre un confort haut de gamme. Le prix de 47 millions de dollars est un peu plus élevé que celui des concurrents directs à trois ou quatre millions de moins. Les ventes de Falcon s’établissent à 41 appareils, tout modèles confondus, contre 142 pour Bombardier et 147 pour Gulstream.