L’arrivée de Junkers Aircraft nous a tous sidérés. Replonger dans l’histoire de l’aéronautique, fût-elle allemande, cela nourrit la passion pour tout ce qui vole. Et de plus, ce retour vers le passé avec des techniques, des équipements et des motorisations modernes est une autre forme de clin d’œil amusant qui ne ferait pas forcément rire les puristes. Mais on s’en fout un peu. Junkers Aircraft a repris vie avec la création d’une « réplique » du A50, un avion ultra léger qui avait fait son premier vol en 1929. Il avait adopté la tôle ondulée pour le fuselage, signe technique emblématique de la marque allemande, et que l’on retrouvait naturellement sur le non moins fameux Junker 52. Il faut savoir que ce petit A50 avait connu un vrai succès auprès du public, en accrochant quelques records homologués. Mais c’est la pilote Marga Von Etzdorf qui l’a rendu célèbre en faisant de la voltige avec et des vols postaux dans son avion peint en jaune.
La première version de cet A50 des temps modernes (A50 Heritage) est donc un avion biplace en tandem, tracté par un moteur en étoile (moderne) Werner Scarlett U de 7 cylindres d’une puissance de 124 ch, quarante de plus que l’avion de Marga… Et puis a suivi la version à moteur Rotax 912 iS, le A50 junior. Il peut recevoir une avionique de type glass cockpit (écrans digitaux) ou analogique. Ils sont tous les deux en train classique et disposent d’un petit saute-vent. Junkers Aircraft a dernièrement innové en concevant, dans le même esprit, un ULM de 600 kg, toujours biplaces, mais cette fois côte à côte et avec un train tricycle (fixe ou rentrant), c’est le Junkers A60. Le contrepied total de l’A50. De plus, il est disponible avec ou sans verrière. Et franchement, la version torpédo a de l’allure. Il est, également, motorisé par un Rotax 912 is de 100 ch. Alors, naturellement, ce ne sont pas des foudres de guerre, côté perfo, mais ils ne sont pas conçus pour cela, mais pour découvrir le monde, façon éloge de la lenteur. Et là, on savoure chaque minute de vol. 100 ch, c’est a priori bien suffisant, toutefois, on peut facilement imaginer que des motorisations plus puissantes pourront être installées : turbine, moteur de 160 h (Rotax 916 iS) ou moteur électrique. Tout est possible. L’A50, c’est l’avion des raids, comme l’avait fait Marga entre Berlin et Tokyo. Claus Cordes, le président de l’aéroclub d’Allemagne, ex-pilote de ligne, s’apprête à refaire l’histoire en effectuant le tour de l’Europe aux commandes de son A50. Il partira d’Allemagne, plus exactement de Dessau, le siège historique de la Junkers Flugzeugwerke, le 7 juin.
Le périple va s’étendre sur 14 000 kilomètres en une vingtaine de villes visitées. Au départ de l’Allemagne centrale, l’itinéraire passera par la Pologne pour rejoindre la Finlande, où l’A50 sera l’invité d’honneur du salon aéronautique de Kauhava. Une visite du musée de l’aviation est prévue ; la collection abrite un A50 original. Le prochain point culminant de l’itinéraire est le Cap Nord, le point le plus septentrional du continent européen, où l’équipe photo souhaite présenter l’avion en tôle ondulée dans un cadre exceptionnel. Le voyage se poursuit ensuite par l’ouest de la Suède et les montagnes scandinaves jusqu’à Bergen, où l’A50 subira une inspection technique avant de traverser la mer du Nord pour rejoindre les îles Shetland. Après cette aventure, est prévue fin juin une visite de la légendaire collection Shuttleworth à Old Warden, en Angleterre, ainsi qu’une participation au salon aéronautique qui s’y déroule.
La deuxième partie du voyage sera marquée par l’entrée dans l’Union européenne via Brest, en France, puis par l’aérodrome de Casarubius del Monte, au sud-ouest de Madrid. Après une escale à Beja, au Portugal, une autre séance photo passionnante avec l’A50 est prévue, cette fois au-dessus de la région de Gibraltar, le point le plus au sud-ouest de l’Europe. De là, l’itinéraire passera par Majorque, la Sardaigne et la Sicile pour rejoindre l’Italie continentale, puis le magnifique aérodrome du Lido, près de Venise. Le voyage se terminera par une grande fête de bienvenue aux portes du musée de l’aviation d’Oberschleißheim, le 19 juillet. Claus est un « moustachu », comprenez un pilote expérimenté de 28 000 heures de vol. Il a commencé sa vie pro sur un Cessna 172 et a piloté des Boeing 737 et autres Airbus A300 et A320, 45 ans en l’air. Ce A50 Junior Tour sera un moment unique… Bon vol Claus !