C’est la décision la plus étonnante de ces derniers jours, la compagnie Ryanair s’est vue attribuée un certain nombre de créneaux à Orly lui permettant d’ouvrir deux allers-retours quotidiens à destination de Bratislava et Bergame, soir 728 slots annuels et donc 14 par semaines, donc deux slots par jour. Ces créneaux font partie des 8000 que devrait attribuer le Cohor, l’organisme de régulation chargé de cette distribution sur les grands aéroports français. Cette décision va-t-elle changer la donne à Orly ou la compagnie Transavia est omniprésente pour éviter justement de voir arriver la concurrence ? En fait, c’est un changement de stratégie d’une compagnie qui a toujours fait le choix d’aller vers des aéroports moins chers et la possibilité d’obtenir des subventions de la part des collectivités territoriales, subventions dont le principe est contesté devant les tribunaux.
Sur Orly, cette forme de demande est impossible. Par ailleurs, Ryanair n’avait jamais fait de demande de ce type de créneau, ce qui la plaçait dans une position légitime récipiendaire compte tenu des règles du Cohor. Ce dernier prévoit, en effet, que la moitié des créneaux reviennent à des compagnies nouvelles. Comme c’est également la règle, les créneaux accordés concernent des destinations nouvelles qui n’avaient pas encore été desservies. Il n’est pas prévu que ces créneaux soient accordés sur des destinations, déjà assurées afin de ne pas créer une situation de concurrence frontale. L’arrivée de l’ultra low cost va lui imposer pas mal de changements majeurs.
À Beauvais, les demi-tours prenaient environ 35 minutes. À Orly, compte tenu de la configuration de l’aéroport et du nombre de compagnies présentes, les mouvements de passagers prendraient plus 45 minutes (sortie/entrée), à condition que l’avion soit au contact, un temps auquel il faut aussi ajouter le roulage. Ce temps raccourcit le temps d’exploitation et donc affecte la rentabilité du transporteur. Cette décision est d’autant plus étonnante que Ryanair a menacé récemment de retirer de 10 aéroports français en regard du projet d’augmentation de la taxe sur les billets d’avion (TSBA) qui affecte aussi son modèle économique puisque les clients de Ryanair ont une forte sensibilité aux prix. La contestation des aides versées par les collectivités locales est une autre raison. Par ailleurs, dans une logique ultralibérale, la compagnie irlandaise a fermé la base de Bordeaux sans décider de plan social pour les salariés…
L’arrivée de Ryanair ne menacera pas vraiment Transavia, même avec une flotte plus importante. La compagnie du groupe Air France est très bien implantée, elle a encore reçu le même nombre de créneaux que Ryanair pour la seule destination d’Amsterdam, soit un aller-retour par jour. Pas de quoi en faire une concurrence frontale. Autre destinataire de ces créneaux : Volotea qui a obtenu 1352 slots soit 13 allers-retours par semaine vers Ancom, Olbia, Alghero, Turin et Vérone. Wizzair, Air Corsica et LOT obtiennent également des lignes, la première va ouvrir deux rotations vers Varsovie en concurrence avec LOT.