FORMATION ULM
L’instructeur ULM Laurent Venet se sert cette fois de son expérience en tant que pilote de chasse pour montrer les dangers du vol en conditions météorologiques de vol aux instruments, avant de lister pourquoi ce type de vol est justement interdit aux ulmistes.
Nous sommes en 1996, je suis alors pilote de combat opérationnel sur Mirage 2000 RDI, monoplace de combat de défense aérienne. Cela fait plus d’une année que j’ai été affecté à l’escadron de chasse 2/12 Picardie. Je viens de décoller de la base aérienne du QFU face à l’ouest, les conditions météorologiques sont exécrables, nuages bas soudés à moins de 400 ft sol, vent violent dans l’axe de plus de 25 kt avec de fortes averses de pluie, bref, des conditions standards pour cette région du nord de la France.
Cela fait plus de 20 minutes que j’évolue entre 40 000 ft et 10 000 ft (plancher de combat de la zone), en mission d’entraînement contre deux autres Mirage 2000 de mon escadron (2 versus 1). J’effectue alors des manœuvres violentes sous facteur de charge soutenu de l’ordre de 5 à 6 g en condition VMC et IMC.
L’une de ces figures défensives me fait piloter une mise dos avec une perte d’altitude sous 6g, le tout sans aucune référence extérieure, dans les nuages. De retour en vol rectiligne horizontal, je suis victime de sévères illusions sensorielles, j’ai vraiment la sensation d’être en virage à forte inclinaison, bien que ma visu tête haute et ma boule (horizon artificiel) m’indiquent que tout va bien. Mon cerveau, en manque de références extérieures, me fait croire tout le contraire et me joue de vilains tours.
Je dois lutter contre mon envie folle de vouloir rétablir mon équilibre sensoriel par des actions aux commandes, à l’inverse de mes indications instrumentales. Le phénomène dure, puis, lentement, disparaît, en respirant profondément, mes gyroscopes internes se recalent. […]