Dans le cadre de la politique de réduction des déficits, l’État a décidé de mettre (une nouvelle fois) le transport aérien français à contribution en augmentant significativement la taxe de solidarité sur les billets d’avion, et en incluant cette fois les passagers de l’aviation d’affaires ; elle pourrait être multipliée par trois. Le gouvernement entend récupérer entre 1 et 1,5 milliard d’euros par an, sachant que la TSBA avait rapporté en 2023 près de 460 millions d’euros. Cette taxe, dite « taxe Chirac » avait été instauré pour financer UNITAID l’association de lutte contre le sida, sachant qu’un nombre restreint de pays y contribue.
Ce projet de taxation a été annoncé le 1 er octobre au directeur général d’Air France KLM, Ben Smith et à Pascal de Izaguirre, le président de la FNAM. Le milieu du transport aérien est vent debout contre ce projet pour de multiples raisons. Mais c’est le 10 que lors de la présentation du budget, le projet de la taxe est devenu une réalité, selon notre confrère du Point, le nouveau ministre des Transports, François Durovray n’aurait même pas été au courant.
Le réflexe d’une taxation de l’aérien est permanent depuis des années d’autant que les compagnies françaises sont parmi les plus taxées, malgré tout ce que les écologistes veulent bien avancer. Côté chiffres, la taxe passera, pour les vols au départ de France, de 7,5 euros à près de 60, pour les vols de plus de 5000 km, la classe affaires est également concernée : la taxe passe de 65 à 200 euros. Pour les vols d’affaires, elle sera de 3000 euros.
Le président de la FNAM, Pascal de Izaguirre, rappelle que les taxes constituent déjà 40 % du billet d’avion et que cette nouvelle taxe ne freinera pas la baisse de la part du pavillon français qui perd 1 % par an. Le président de IATA, l’institut international du transport aérien estime que cette taxe sera contre-productive pour le tourisme et surtout pour les compagnies aériennes qui viennent à peine de sortir d’une crise COVID, sans qu’elles aient retrouvé leur niveau de passager d’avant la pandémie. Il questionne le gouvernement sur la possibilité de financer la décarbonation si on augmente les taxes.
Cette taxe concerne les vols français, ce qui pourrait inciter les passagers étrangers ou pas à choisir d’autres hubs que les hubs français. Cette situation est susceptible de créer une concurrence déloyale, car les compagnies étrangères n’y sont pas assujetties. Du côté d’Air France, la facture des diverses taxes se monte à environ 3 milliards d’euros. L’augmentation de cette TSBA s’ajoute à différentes hausses de coûts à venir : la taxe sur les grands aéroports, la hausse des redevances de l’aviation civile pour financer le contrôle aérien, le coût pour faire face à la décarbonation… Cette situation est d’autant plus préoccupante que la recette unitaire baisse pour plusieurs majors dont Air France.
Le plus étonnant est que cette taxe va surtout servir à boucher les déficits et non pas destinée à la décarbonation du secteur, c’est un pactole en moins pour les compagnies pour cet objectif. L’État a soutenu les compagnies lors de la COVID, elles sont soumises au plan européen à Fitfor55 en plus de la fiscalité nationale et aujourd’hui, il les ponctionne.