Le projet Volocopter est un projet qui a surpris tout le monde, un peu à la limite de la science-fiction ou relevant des projets de constructeurs amateurs que l’on voyait lors de rassemblement de constructeurs amateurs. Mais ses initiateurs poussent inlassablement leur projet avec un certain succès. Un vertiport (un aéroport pour eVTOL) a été ouvert à Saint-Cyr, Volocopter y projette de s’y implanter avec d’autres constructeurs. Une expérimentation devait avoir lieu dans des conditions réelles lors des JO, finalement c’est dans le parc du château de Versailles qu’elle a eu lieu, le 8 août, le report des essais lors des JO serait dû à un problème de fiabilité technique.
Cette forme de mobilité ne fait pas l’unanimité : il y a quelques mois, les essais sur une barge en bord de Seine avaient été annulés. Pourtant, la DGAC, ADP, la RATP et l’assistance publique des hôpitaux de Paris sont associées pour promouvoir ce projet. Le transport de VIP, l’angle principal donné au sujet au départ, n’est certainement pas le plus significatif et le plus rassembleur pour justifier la mise en l’air d’un nouvel aéronef pouvant satisfaire des besoins limités en matière de passagers. En revanche, la mobilité sanitaire a nettement plus de sens. Le professeur de médecine urgentiste Mathieu Heidet s’intéresse à la question depuis plusieurs années.
Ses recherches portent précisément sur les inégalités d’accès aux soins selon les territoires, l’objectif est bien sûr de réduire cette forme d’injustice. Le sujet n° 1 de ce travail est la situation des patients en arrêt cardiaque. Depuis 5 ans, il s’efforce de collecter des données afin de savoir si l’usage d’eVTOL avec du personnel urgentiste à bord permettrait un gain significatif dans le traitement de cette cause de mortalité. Des expérimentations ont eu lieu notamment avec ces eVTOL notamment au Canada et les résultats semblent probants avec des réductions des délais d’accès aux soins de quelques minutes. Cela peut paraître modeste, voire dérisoire, mais quand la mort est si proche, une minute de gagnée, c’est 10 % de mortalité en moins. Ce qui fait dire qu’à ce niveau d’intervention la minute est en or. Grâce au eVTOL, il pourrait y avoir un gain de 10 minutes pour les équipes d’intervention de second niveau, ce qui correspond aux Services mobiles d’urgences et de réanimation (SMUR), cela représente un délai divisé par deux.
En Île-de-France, avec un déploiement adapté, on doit pouvoir mettre 90 % de la population francilienne à 10 minutes d’un service d’urgence, d’autant que l’EASA a publié en 2020 un rapport expliquant que Paris était dans un vide sanitaire. Les eVTOL semblent donc être une des réponses à cette situation. Le médecin estime de plus qu’ils pourraient procurer une offre sanitaire multimodale, les hélicoptères et les VTOL seraient alors complémentaires. Mathieu Heidet attendait beaucoup de la démonstration des JO qui aurait permis de fournir des données sur les gains potentiels lors d’un événement. Cela aurait nourri son argumentaire. Elle aura très certainement lieu en 2025. Après les tergiversations entre autorités, la pertinence sanitaire d’un usage des VTOL est très certainement un argument nettement plus efficace pour faire accepter ces vols par le grand public.