En matière d’aéronautique, le France est un territoire marqué au sceau du paradoxe. Ainsi, alors que notre pays est le numéro un en matière de production d’hélicoptère, l’héliport d’Issy-les-Moulineaux est très sérieusement menacé de fermeture. Pas tout de suite, bien sûr, mais les futures conditions de l’exploitation du terrain pour les compagnies hélico (transport de passager ou travail aérien) rendent presque impossible l’utilisation de l’hélicoptère sur le site. Cela fait déjà des années que les élus parisiens veulent la fin de cet héliport, le seul ouvert la circulation aérienne publique à proximité de Paris. Ce n’est pas exactement comme si Paris était une bourgade de province… Métropole européenne, elle accueille des meetings mondiaux, voire éventuellement des personnalités de premier plan.
On se demande donc comment des élus peuvent penser que l’hélicoptère et la capitale parisienne sont incompatibles… Et pourtant, la convention qui lie le propriétaire des lieux (la Ville de Paris) et ADP, arrive à échéance en décembre. Dans l’optique de cette butée, les élus de la ville de Paris ont soumis à l’État un projet « d’aménagement » de la zone. Celui-ci prévoit une réduction drastique de la surface de la plateforme au bénéfice de la ville, naturellement. Par ailleurs, il est prévu de décaler la piste, mais les partisans de l’aéroport expliquent qu’il existe également un plan d’urbanisme pour construire quelques logements à deux pas des pistes, histoire de fabriquer quelques riverains mécontents qui finiront par se plaindre. Autre source de stupéfaction : un certain nombre de hangars seront détruits dans une vaste réorganisation de l’espace. Exit donc les sociétés qui étaient basées. Ces disparitions vont impacter les recettes perçues par ADP qui va tenter de se rattraper autrement en percevant des redevances, nettement plus élevées : environ 200 heures par machine et 50 euros la demi-heure pour le stationnement ! Même les sociétés de Samu vont devoir payer.
Sans compter les 18 millions que va coûter « l’aménagement ». Par ailleurs, le nombre de plaintes n’excède pas la dizaine ; l’argument du bruit ne peut vraiment plus être invoqué. Enfin, la nouvelle convention ne prévoit pas d’aller au-delà des 15 ans, après ce sera la fin définitive. Les exploitants sont vent debout contre le projet. Le dialogue avec les élus est impossible, ils ne répondent pas. Le gouvernement, sollicité, a botté en touche. Et l’administration, elle-même, est impuissante. On se plaît à penser qu’elle va s’efforcer de défendre le secteur, mais ce n’est finalement pas son rôle. Enfin, l’hélicoptère est assez bon pour sauver des vies, intervenir lors de catastrophes naturelles ou contre les feux de forêt. Il sert même à attraper les chauffards. Sorti de ce registre, c’est l’ennemi du monde.