Et si on avait trouvé la solution d’avenir (simple, intelligente et finalement peu onéreuse) pour permettre à l’aviation générale de voler en réduisant sensiblement les émissions de CO2 ? Cette solution est déjà largement répandue pour l’automobile, c’est, c’est… l’éthanol. L’année prochaine, l’AVGAS risque de ne plus être qu’un souvenir. Tout au plus, les essenciers tenteront de faire durer les choses un peu plus longtemps, mais cela ne prendra pas des décennies. Aux USA, cela s’arrêtera vers 2030. Il sera toujours possible d’importer de l’essence, mais il n’est pas sûr que celle-ci respecte la réglementation européenne REACH.
Total propose une UL91 qui est souvent plus chère que l’AVGAS… Il existe bien une UL94 aux USA, mais son utilisation auprès d’une université américaine se s’est pas révélée très concluante. Il est possible d’utiliser des essences sans plomb du secteur automobile, notamment avec les moteurs Rotax. L’entreprise Noefuel, fondée par Gilles Rosenberger, ingénieur ex-Efan, se propose de modifier les moteurs pour les faire fonctionner à l’éthanol. Il va donc concevoir un STC en trouvant une solution technique pour l’usage de cette essence et utilisant des technologies modernes, notamment des soupapes de dernière génération susceptibles de supporter le « sans-plomb ».
Ensuite, il faudra vérifier si les canalisations et les joints sont également compatibles, notamment les joints de réservoir et de sélecteur de carburant. Il faudra également prévoir des systèmes embarqués de déshydratation de l’éthanol qui est naturellement hydrophile (retenant l’eau et l’humidité). Une fois, ces vérifications effectuées, la mise au point pourrait s’appuyer sur les technologies sur étagères, comme l’allumage et l’injection électronique.
Gilles Rosenberger estime que 150 000 moteurs dans le monde pourraient être ainsi équipés. Une fois ces points techniques réglés, l’éthanol permet de voler moins cher en réduisant de manière importante (entre 50 et 70 %) les émissions, entre l’absorption du CO2 (culture de la plante, certainement de la betterave) et les émissions liées à la combustion. C’est une situation semblable au SAF qui remplacerait le kérosène à terme.
L’autre intérêt est sa filière de production déjà bien établie et, enfin, son prix de 95 centimes le litres contre 2,8 euros le litre pour l’AVGAS… C’est une solution qui coûterait environ 40 000 euros par moteur et serait susceptible d’être amortie en 1000 heures, il faudrait étudier le dispositif pour une dizaine de types de moteurs avec une vingtaine de sous-familles.
Gilles Rosenberger estime qu’il faudra environ 5 ans pour obtenir le STC, mais cela ouvre un usage durable de ce type de carburant, tout en étant plus « écolo ». Il restera ensuite à s’assurer que ce surcroît de production d’éthanol n’entre pas en concurrence avec l’usage agricole sous forme de cultures destinées à la consommation humaine. Enfin, ce carburant pourrait être utilisé grâce à de petites citernes dans un premier temps sur les terrains avant d’envisager un circuit institutionnel pour l’éthanol.