Que le premier pilote d’expérience qui n’a jamais forcé une correction dans les dernières centaines de mètres pour rattraper un plan, une vitesse ou un axe – ou parfois les trois d’un coup – avant le seuil, me jette la première pierre. La remise des gaz (RDG) est un sujet qui est d’une grande simplicité sur le papier et surtout factuel. Et pourtant, chacun l’interprète, y voit un échec et par là même laisse son égo aux commandes, ce qui n’est jamais une bonne situation. Si votre approche laisse à désirer ou qu’un élément externe vient la perturber, alors : remettez les gaz ! « J’ai bien failli remettre les gaz », voilà une phrase que je ne supporte plus d’entendre en club. Les pilotes préfèrent regarder une situation empirer seconde après seconde et ainsi rendre la correction de plus en plus périlleuse (voir aussi l’article « Threat and Error Managment » du numéro d’octobre 2022) plutôt que d’accepter les faits et de remettre les gaz tôt et en toute sécurité. J’ai un exemple qui me vient en tête. Alors que j’enseignais à Lognes (LFPL) avec son trafic chargé, un pilote – que j’appellerai Patrick – est établi en n°2. Le trafic devant lui, un vénérable C152 est n°1, mais avec une vitesse d’approche inférieure. Résultat : la distance entre les deux appareils se réduit. Le contrôleur prévient Patrick qu’il recevra une clearance atterrissage tardive. Mais voilà, pour une raison inconnue, le trafic devant lui, une fois posé, s’arrête, puis doit réaccélérer pour libérer la piste. La situation se tend, le sol se rapproche, la piste est toujours occupée.
[…]