Poser ses roues quelque part, c’est comme partir à l’aventure, changer d’espace vital, de territoire. La plaine, c’est le premier terrain de jeu, l’endroit où l’on apprend la troisième dimension et à regarder loin. Au bout d’un temps, cette plaine finit par niveler le regard, elle rend la nature moins sauvage, moins étonnante. À moins d’être militaires en mission (discrète de préférence) pour se poser sur des pistes improbables, nos terrains restent pour la plupart civilisés, sans grandes surprises. Chez les ulmistes, les champs d’aviation de l’aviation buissonnière vous donnent un peu le pourvoir de l’explorateur, celui qui ne se pose pas partout, comme tout le monde. L’absence de contrôle sur ces terrains d’aviation nous susurre également une impression de liberté. Le vol montagne redonne à la troisième dimension toute la notion d’altitude, d’espace. Toute la force des éléments et la puissance d’un relief s’imposent à nous et notre frêle humanité est bien remise à sa place. Une vraie leçon d’humilité. Lorsque l’on s’approche de notre massif français le plus haut, l’aventure est totale. Le regard n’en finit pas d’embrasser cette immensité blanche, de chercher des repères à notre taille. Voir une paroi de près, c’est conjurer le vertige, découvrir des secrets dans les failles, des animaux, de la flore… Tout ce qui nous est impossible à voir autrement, d’en bas, c’est une terre immaculée, inviolée…
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