Au début de ma formation de pilote, en 1999, mon instructeur, un homme qui avait de la patience à revendre, m’avait expliqué l’invisible réseau des routes aériennes au-dessus de nos têtes. Il m’assurait que ce dernier périrait sans doute bien après nous, aucune technologie ne pouvant apporter le même niveau de sûreté aux pilotes. S’il est vrai que, pendant des années, nous nous sommes reposés sur la technologie des balises radio en tous genres pour naviguer en avion, croire qu’elle reste en tête du classement de la performance et de la sécurité semble cependant quelque peu exagéré. Le GPS, s’il a mis du temps à s’imposer, vient de remporter la victoire finale et a permis de mettre à la retraite la majorité des balises radio qui nous ont servi depuis les années trente. De tout temps, les hommes ont reconnu la nécessité de savoir précisément où ils se trouvaient sur globe – pardon, pendant longtemps, sur le disque ! – terrestre. Pour les marins qui partaient à la découverte du monde, l’enjeu était la répétition des voyages couronnés de succès avec un retour vers le point d’origine. Pour notre cas, il n’a pas changé au fil du temps. Nous avons donc créé le réseau des airways, garantissant à chacun non seulement d’arriver à bon port, mais aussi de ne pas venir embrasser un autre avion dans le ciel. En ayant une route connue, il suffisait à deux avions à la vitesse connue de décaler leurs heures de départ pour garantir l’absence de risque de collision.
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