Un jeudi soir d’avril dernier, à Friedrichshafen, environ 250 pilotes et passionnés nous ont fait le plaisir de venir avaler quelques roues de Brie de Meaux, barriques de Beaujolais et de bière, sur le stand que nous partagions cette année avec notre confrère Willy Tackle, éditeur entre autres du « Mondial de l’aviation ». 50 ans d’édition ininterrompue d’Aviation et Pilote, mensuel spécialisé écrit par des pilotes pour des pilotes, cela méritait bien qu’on lève un verre à tous ceux qui nous ont aidés à réussir ce petit miracle.
Car vous avez été nombreux à avoir collaboré de manière fraternelle, débarquant dans nos bureaux de l’aérodrome de Lognes avec l’intention de nous saluer, mais en en repartant avec l’énergie du pèlerin en marche vers Compostelle. Vous êtes bien trop nombreux pour être tous cités, mais j’aimerais le faire pour quelques-uns qui nous sont restés proches, ce qui fait que le temps n’a pas effacé certains moments, cocasses ou extraordinaires.
Je lève ainsi mon verre à Jacques Clostermann, auteur de nos premiers essais en vol, qui était passé outre à l’interdiction absolue de poser son Cessna 310 à Genève après le couvre-feu – du fait d’un problème de batterie au départ – et qui avait su apaiser, une fois convoqué à la tour, les contrôleurs suisses furibonds avec des mots justes et fraternels : une leçon bien utile pour la suite de ma carrière.
À Gérard Pic qui m’a expliqué dans ma jeunesse qu’un brevet de pilote privé seul ne servait pas à grand-chose, qu’il fallait poursuivre encore et toujours sa formation pour s’accomplir en tant que pilote, et au magicien Michel Malécot qui m’a appris à aimer, même sans RMI, les terribles percées locator.
À Michel Barry, fidèle d’entre les fidèles, qui m’a inculqué savoir-faire et méthode pour que je puisse réaliser, une fois qu’il serait à la retraite, nos évaluations en vol : je le vois encore, dessinant des abaques sur un coin d’aile, afin d’expliquer ce qui n’allait pas sur tel ou tel appareil.
Je lève mon verre à Jean Boyé, disparu, qui a d’abord écrit pour nous, puis a formé nombre de pilotes au sein de notre « FabLab » Aviation et Pilote Club – comme on dit aujourd’hui –, dont certains volent grâce à lui en compagnie aérienne, et qui a justifié à lui seul le Yak 52 à nos couleurs par ses démos pendant le salon du Bourget. Je l’ai adoré quand il me faisait la démonstration de ses talents de voltigeur par mauvais temps ou la fois où il a effectué une remise de gaz en Concorde à 300 ft au-dessus du seuil de piste 08 à Lognes, avec post-combustion allumée et virage sur l’aile, profitant d’un meeting pour nous éblouir à jamais.
Je lève mon verre à Jean-Pierre Balandras, indispensable au sein du RSA aujourd’hui, qui a quitté un soir son bureau de la SNECMA pour venir jeter un coup d’œil à la caisse que nous avions reçue des USA et qui est reparti avec 7 ans d’engagement, sans jamais montrer aucun découragement, pour aider les bras cassés que nous étions à transformer un lot-matière en un vrai avion.
Et aussi à Jacques Pradel et Michel Polacco, qui m’ont donné accès aux antennes de France Inter lors d’émissions de vulgarisation de l’aérien alors que nous débutions.
Et à Jean-François Sochor, de la Socata, et à Olivier Demacon, d’Embraer, qui m’ont appris à apprivoiser l’Atlantique, le givrage, les orages, la neige, le verglas…
Et à Gérard David, qui a mis à notre service la puissance de Dassault Aviation lorsqu’il a fallu nous sortir du pétrin à Iqaluit et à Moscou.
Et à nos élus, les sénateurs Ernest Cartigny et Bernard Parmantier, ou au député Bruno Le Roux, toujours d’accord pour donner du panache à nos événements et soutenir nos combats.
Levons donc notre verre à tous les progressistes qui partagent avec nous des valeurs contestées aujourd’hui comme Patrick Gandil, Odile Cherel, Maxime Coffin, Pierre-Yves Huerre, Evelyne Gogneau, Alain Vella, Patrick Hubscher, Françoise Horiot, Jean-Marc de Raffin, Guy Tardieu, Anne-Catherine Robert-Auglustaine, Gérard Feldzer, Max Shauck, Jack Krine, Stéphane Mayer, Nicolas Chabbert…
Et, souvenez-vous, fidèles lecteurs sans qui ce magazine n’aurait pas de raison d’exister, que nous attendons de pied ferme ceux qui seront dans le secteur le 24 juin 2023, à midi, autour d’un verre et d’un BBQ avec vue sur les pistes de Lognes, pour vous remercier et envisager ensemble les 50 années à venir !
Jacques CALLIES