Chers lecteurs, je voulais aborder avec vous ce mois-ci la question du vol en équipage. Pour une immense majorité de pilotes professionnels, il est la norme, alors que dans le privé, c’est bien le monopilote qui règne en maître. Pourquoi ? Pourquoi un choix qui est apparu comme évident à la quasi-totalité des acteurs pro ne s’est-il pas plus démocratisé dans le privé ? Une réponse expéditive pourrait être de dire que c’est la complexité des machines qui impose le vol en équipage et, qu’à ce titre, on ne peut pas comparer une transatlantique en triple 7 et un vol local en DR400. Pourtant, il n’est pas plus compliqué de gérer un vol et ses éventuels aléas au FL420 dans un multimoteur sous autopilote qu’un vol VFR dans les basses couches sans aucune automatisation de la machine. Par ailleurs, nombre d’avions pourtant pensés comme monopilotes en premier lieu sont tout de même exploités professionnellement en multipilote. On pourrait penser aux PC-12, à certains Citation ou encore au Cessna Caravan. Pourquoi des compagnies sont-elles prêtes à assumer le surcoût d’un équipage multiple sur des avions monopilotes ? En un mot : la sécurité. Le vol en équipage va permettre une réduction énorme de la charge de travail. Avec des cortex moins sollicités, il est ainsi possible de maintenir, par exemple, une conscience de la situation bien plus grande face à un problème, d’échanger des idées quant à la ou les solutions, s’offrir un autre avis pour ne pas s’enferrer dans une décision. La possibilité de cross-check (double vérification pour les plus francophones) concourt elle aussi à l’augmentation de la sécurité du vol. Enfin, même si c’est évident, voler à plusieurs assure la continuité du vol si l’un des deux membres d’équipage devait se sentir mal.
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