C’est un grand monsieur de l’aéronautique qui vient de nous quitter. Bernard Chauvreau trainait, depuis quelques décennies sa petite moustache, aux quatre coins de la planète après avoir été pilote de ligne et surtout chef-pilote pilote d’Air Limousin, quand le transport des passagers s’effectuait encore en bimoteur turbopropulsé dans les régions. Mais cet amoureux du ciel avait été surtout le pilote d’essai des avions René Fournier et l’ami de leur concepteur. Pilote d’essai, mais également pilote convoyeur des avions RF à l’étranger.
C’était un fidèle de ces machines, il avait participé à la mise au point de plus d’une douzaine de prototypes dont cinq auront été produits en série en France, en Allemagne, en Angleterre et au Brésil. Bernard Chauveau a toujours été très impressionné par la finesse des avions-planeur : « Leur esthétique m’a toujours fasciné, ainsi que leur aspect économique, car ces machines consomment très peu. Elles ne sont pas forcément faciles à piloter, car nécessitant une approche différente, plus attentive. C’est un pilotage fin, plus proche d’un art que d’une technique pure ». Bernard était aussi voltigeur, instructeur planeur et avion. Et il était également écrivain puisqu’il avait relaté sa vie aéronautique avec beaucoup de poésie dans quatre principaux ouvrages : « Un ciel pas comme les autres », « Il était une fois mes ailes », « Pilotes sans frontières » et « Vols impunis ».
On se souviendra aussi de lui pour avoir échappé à la mort deux fois sur les avions Fournier. La première, c’était en 1961 avec le prototype des RF, le 01, lors d’un meeting à Dijon L’avion avait terminé en miettes et Bernard avait écopé de quelques égratignures. Le second, c’était 20 ans plus tard, en 1981, lorsqu’il est sorti d’un RF 10 en vrille et en parachute… Là encore, il n’avait rien eu ; l’appareil sans pilote était sorti de vrille et s’était posé dans un champ. Des anecdotes d’aéronautiques, il y en a plein ses bouquins… Bon vol, Bernard, on va relire tes notes reliées…
(Sur la photo, Bernard Chauvreau à gauche avait été fait Chevalier de l’Ordre national du mérite en compagnie de Michel Barry à droite)