Il y a des jours où l’on se dit que le monde finira par tourner rond, que les choses vont s’arranger. Je viens de vivre un moment agréable, bien loin des temps où nos propres envies d’agir pour le bien de de la planète se trouvent battues en brèche par ceux qui veulent interdire à tous les avions de décoller.
L’IAOPA, l’ensemble des AOPA européennes, et le GAMA, la General Aviation Manufacturers Association, l’association qui représente les fabricants d’aéronefs et d’équipements de l’aviation générale, avaient ainsi convié ce 18 octobre les principaux responsables de départements de l’EASA à une journée de rencontres et de discussions sur le terrain d’Egelsbach, en Allemagne. Pour ces deux associations, représentant les intérêts de l’industrie et des pilotes, il s’agissait par là de les sensibiliser aux problèmes pratiques, encore et toujours rencontrés.
Si j’évoque cette journée, c’est pour vous faire partager l’optimisme qui est né au fur et à mesure de ces rencontres. Et, pourtant, les sujets sensibles ne manquaient pas ! Entre la nécessité d’adopter une stratégie écoresponsable et les carburants du futur, les problèmes liés à la certification, les difficultés de la maintenance, la complexité croissante des espaces aériens, les différences de traitement liées aux interprétations locales de la réglementation, l’adoption de nouvelles technologies, etc. Eh bien, tous ces sujets ont été abordés.
Il serait cependant illusoire de croire que l’ensemble de nos problèmes vont être résolus, comme par miracle, dans les semaines à venir, cela prendra du temps d’harmoniser les positions de 27 pays et des différentes agences.
Alors, pourquoi ce rayon de soleil dans un paysage qui semble si sombre si l’on se réfère aux attaques subies par l’aviation ces derniers mois ?
En fait, à la naissance de l’EASA, nous avions eu l’impression de discuter avec des fonctionnaires qui n’avaient aucune connaissance de l’aviation que nous pratiquions, ni des difficultés auxquelles nous étions confrontés.
Or, ce 18 octobre, nous avons pu mesurer à quel point les choses avaient changé.
Depuis l’arrivée de Patrick Ky à la direction de l’EASA, l’aviation générale s’est vue mieux traitée, le nouveau directeur général ayant fixé des objectifs clairs à ses équipes : différencier l’aviation générale de l’aviation commerciale et trouver des moyens d’assouplir les règles et directives qui l’étouffaient depuis des années.
Lors de cette réunion, ce sont ainsi plus trente représentants de l’EASA qui ont répondu présent. Du jamais vu. Et nous avons échangé librement, sans langue de bois, en toute transparence. Ce qui nous a tous le plus rassérénés, c’est de constater que, enfin, nous avions en face de nous des interlocuteurs tout aussi passionnés, qui avaient pris le temps de travailler leurs dossiers et les maîtrisaient parfaitement.
Après le départ à la retraite de Dominique Roland, autrefois salarié des avions Mudry et pilote d’essais, c’est Alain Leroy qui a repris le rôle de « General Aviation Champion ». Chargé de défendre l’aviation générale au sein de l’EASA, il doit motiver et suivre le travail des différents services qui œuvrent sur l’aviation non commerciale. Il est donc rassurant de savoir que celui qui est chargé de l’avenir de notre aviation est pilote de Pitts Special et, de ce fait, parfaitement au courant de nos besoins !
Ce qui nous a aussi étonnés, c’est le nombre de questions posées et la volonté évidente d’aller au fond des choses. Beaucoup de rendez-vous ont été pris à court terme pour poursuivre les échanges sur des sujets que l’on pensait impossibles à résoudre sans une intervention divine. Un constat partagé par les constructeurs présents, comme Cirrus, Diamond, Elixir, Textron Aviation… Arthur Léopold-Léger, patron d’Elixir, a du reste reconnu que ses espoirs reposaient sur une meilleure coordination des équipes de certification et sur une vision plus réaliste des délais de réponse.
C’est donc ce qui explique le coin de ciel bleu qui a éclairé Egelsbach, alors que la météo était globalement très moyenne.
Reconnaissons que l’Agence a, par exemple, depuis deux ou trois ans, allégé les règles de maintenance, les rendant plus pragmatiques, autorisant, par exemple, les propriétaires au remplacement de certaines pièces introuvables. Mais, au-delà de cette prise de conscience des besoins différenciés de l’aviation générale, il était important que les hommes chargés d’inventer les nouvelles règles nous rassurent, qu’ils nous démontrent qu’ils étaient ouverts à la discussion. Car chacun porte en lui une parcelle de pouvoir et peut l’exercer de manière positive ou négative…
Gageons donc que le côté obscur de la force ne gagnera pas !
Emmanuel DAVIDSON