Un ami alpiniste m’a dit un jour : « Le plus dur n’est pas d’accomplir, mais de savoir refuser d’y aller. » Derrière cette maxime se cache une profonde vérité qui, lorsqu’elle n’est pas respectée, amène à se faire peur, voire conduit à l’accident. Il existe beaucoup de biais qui poussent à se lancer dans un vol alors que certains signaux contraires sont pourtant visibles. Ces biais peuvent être de plusieurs sortes. On peut citer la pression sociale, un excès d’ego, une pression matérielle, temporelle, financière, et, bien sûr, le plus connu d’entre tous : l’objectif destination. Je vous propose aujourd’hui de brosser un tableau le plus large possible des principaux vecteurs dangereux qui forcent la décision d’y aller. Nous tenterons de leur apporter des solutions à poser en amont afin de réduire leur influence. Le premier d’entre eux, le plus dangereux, le plus malsain et, pourtant, le plus facile à éviter : l’ego. Qui n’a jamais vu ou rencontré ces pilotes animés d’une confiance aveugle en leurs propres compétences, celles de leurs machines ou, tout simplement, traversés de la croyance que les accidents n’arrivent qu’aux autres ? On les voit tendre un doigt mouillé en l’air en guise de toute préparation météo avant de se rendre sur des terrains très (trop) courts avec des avions chargés jusqu’au bec. Nous avons déjà abordé, lors de l’article sur les mauvaises habitudes, à quel point une phrase comme « t’inquiète, on a toujours fait comme ça » peut être dangereuse. Alors, oui, on pourra me rétorquer que les constructeurs prennent des marges de sécurité dans les vitesses démontrées, les masses, etc., mais celles-ci sont là pour pallier le fait que, malgré tout votre sérieux et votre préparation, un jour, le vent va subitement tourner en finale et ce sont ces quelques kilos ou nœuds de marge pris lors de ces certifications qui vous sauveront la vie.
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