Après bientôt quarante années de pilotage en toutes conditions et quelques milliers d’heures de vol, je rêve encore d’aventure. La vraie, celle qui s’écrit avec un « A » majuscule et qui, parfois, prend aux tripes. Entre 2004 et 2018, j’avais pris part à tous les périples humanitaires organisés par Air Solidarité en Afrique : inoubliables des points de vue opérationnel, humain, comme personnel. Air Solidarité permettait à tout pilote, en contrepartie d’un engagement humanitaire, des expériences uniques, le long de routes aériennes inconnues de nous. Une caravane d’une vingtaine d’avions basiques au départ de la France traversait ainsi chaque année le Sahara, le Sahel, la zone de convergence intertropicale, les forêts pluviales et les plaines infinies du continent africain. En contrepartie, tout équipage non seulement payait son voyage, mais finançait aussi la construction d’hôpitaux, d’écoles, d’orphelinats et de bien d’autres infrastructures nécessaires dans des pays parmi les plus défavorisés de la planète. Mais les folies humaines qui accablent depuis des années cette partie du monde ont fini par faire sonner le glas sur ces aventures si enrichissantes en mettant aussi une sérieuse hypothèque sur le futur des projets humanitaires et des gens qui en avaient bénéficié. Ces vols en formation ou en solitaire, le sens d’accomplissement que seulement les pionniers d’antan pouvaient ressentir face à d’aventures épiques me manquaient terriblement !
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