Les accidents survenus sur des avions de ligne et les soucis de Boeing ont eu raison d’un marché jusqu’alors euphorique. Euphorique, car les sinistres – en tenant compte de la taille du marché – étaient faibles par rapport aux primes encaissées. Tant que le « S sur P » (ratio des sinistres sur primes) n’inquiétait pas les compagnies d’assurances, les courtiers arrivaient à obtenir des taux toujours plus bas. De plus, ces dernières assurent rarement le risque individuellement, préférant se rassembler à plusieurs pour le partager (coassurance). Ainsi, Air France ou Airbus sont assurés par un groupement de compagnies, représenté par l’apériteur, la compagnie qui gère le risque et revend des participations à d’autres. Elles répartissent leur portefeuille en segments géographiques et en typologie de clients : aviation commerciale, aviation générale, région du monde, etc. Pour se partager ce marché, une myriade de compagnies d’assurances – ou « Lloyd’s syndicates » – existaient et se livraient une compétition effrénée pour souscrire les risques. Les crashs de 737 Max, la disparition d’un avion de Malaysia Airlines et les provisions effectuées pour le paiement futur de ces sinistres ont eu raison de l’euphorie du marché et ramené les dirigeants de compagnies d’assurances et les souscripteurs à une réalité très terre à terre : les primes encaissées n’avaient plus de rapport avec la valeur réelle des appareils.
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