Le téléphone sonne, l’afficheur indique Michel Anglade. Je réponds sans attendre à ce Monsieur que je respecte pour tout ce qu’il nous donne en instruction et leçons de vie sur ses péripéties aéronautiques. Michel est un pionnier de la voilure tournante. – Salut Nadjib, comment va ta vieille et belle dame ? – Elle va bien ! C’est un grand plaisir d’entendre ta voix, que me vaut l’honneur de ce coup de fil ? – J’ai un producteur français qui prépare un film sur la guerre d’Algérie, mais au Maroc, et il me demande une Alouette II pour quelques scènes. – Chouette ! C’est une bonne idée et tu vas y participer avec ta machine ? – Je voudrais bien, mais la mienne est en visite calendaire, et elle n’en sortira que dans trois ou quatre mois. – C’est un projet très ambitieux, partir en hélico jusqu’au Maroc ! – Je vais étudier tout ça avec la production, puis je reviens vers toi si tu es d’accord pour ce long voyage. Les jours passent, Michel ne donne pas signe de vie, probablement trop occupé par ses affaires. Je le rappelle. – Tout est au point mort pour l’instant, mais je sens que c’est en bonne voie, puisque j’ai eu hier le producteur qui tient vraiment à une Alouette II, sauf qu’il veut négocier. Et je viens de trouver deux pilotes en plus qui vont nous accompagner, l’un fera l’aller, l’autre le retour en participant aux frais de route. Chouette ! Un jour où j’arrivais pour une prorogation sur la DZ de Michel, à Izy, du côté de Pithiviers, l’aviateur viticulteur s’approche de moi, tel un vieux cow-boy, les cheveux grisonnants coiffés en arrière, vêtu d’un blouson de cuir de cheval marron qu’il ne quitte jamais – et ce depuis une quarantaine d’années – pour me murmurer : – Je crois que nous allons nous préparer la « maîtresse » pour la grande aventure, je vais commencer par la costumer avec des banquettes d’époque. Tu me rejoindras le jour du départ avec ta voiture et un sac de voyage. N’oublie pas que c’est une mission, donc pas de tourisme : d’accord ?
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