Pour l’occasion, les opérationnels de la compagnie, le directeur de la Direction générale de l’aviation civile, Damien Cazé étaient réunis avec les membres de la CCI et ceux de l’aéroport pour voir se poser de la terrasse de l’aéroport un A320neo de la compagnie ayant suivi cette nouvelle procédure. C’est surtout l’aboutissement d’un travail conjoint de tous ces organismes depuis 2016 pour concevoir et expérimenter cette nouvelle trajectoire ; elle a été donc officiellement validée en direct par le « I Sanguinari », le petit nom de baptême du F-HXXB qui s’est posé à 14 h 45 en piste 20, face à la mer.
Cette procédure est une première en France et naturellement pour Air Corsica qui montre ainsi sa capacité d’innovation. Le tracé répond naturellement à une vraie problématique en matière de météo défavorable ayant des conséquences sur l’exploitation et plus précisément des remises de gaz avec des déroutements vers les autres terrains corses. On imagine très bien les conséquences pour les passagers de ces mesures de sécurité : navette en car, perte de temps, inconfort sur un planning ou un timing prévu. Cette nouvelle approche est une RNP AR (Requirement Navigation Performance with Autorisation Required), soit une procédure d’approche basée sur la performance de navigation nécessitant une approbation.
Elle passe par le nord du terrain dans le relief qui est un peu montagneux et tombre sur la piste 20, face à la mer. Elle est utilisable, précision satellitaire oblige, par météo dégradée, voire absence de référence sol, sans aucune visibilité avec un suivi sûr qui préserve d’un rapprochement avec le relief, de part et d’autre de l’appareil. La trajectoire est d’ailleurs facilement identifiable par beau temps en journée puisque c’est l’approche classique dans ces conditions de météo. À Ajaccio, deux approches sont possibles. En 02, face à la montagne ; elle concerne les vols aussi bien le matin que la nuit. Le problème vient du fait que, par fort arrière, il est parfois plus sûr de dérouter.
Une utilisation de la piste 20, celle face à la mer, serait toujours possible en survolant la ville avec un dernier virage pour intercepter la 20, mais les difficultés sont sensiblement les mêmes avec en plus des tiers survolés par mauvais temps. Dans ce cas, la RNP AP 20 est la solution pour éviter ces déroutements. La conséquence immédiate est donc une amélioration de la régularité des vols et donc un meilleur service au client. Il y a d’autres bienfaits facilement mesurables. Cela réduit de temps de vol de 4 minutes par rapport à une RNW 20 qui comporte une approche au-dessus de la ville. Cela permet d’économiser 40 kg de kérosène et 120 kg d’émission de C02 en moins dans l’atmosphère, soit 12 tonnes à l’année. Il faut aussi mentionner les 20 000 habitants qui ne seront plus survolés avec la procédure classique RWY 20 (voir le schéma).
Pour utiliser cette nouvelle approche, les avions doivent être équipés de manière à avoir en temps réel une redondance des informations de la trajectoire de l’avion par les divers moyens de réception des signaux satellitaires. Cela demande une intervention technique, mais les avions les plus récents sont déjà équipés. Ensuite, il faut qualifier les pilotes, la formation théorique dure 4 heures, suivie d’une séance de simulateur de 3 heures. Cette création de trajectoire est plutôt réservée à des terrains à environnement « contraint », d’autres aéroports corses pourraient faire l’objet de cette mise en place. Mais, plusieurs autres aéroports en France seront prochainement concernés par la démarche : Nice, Chambéry… Ajaccio et sa RNP AR 20 a été retenue par le projet européen RISE (The RNP Implementation Synchronised In Europe). D’autres compagnies desservant la Corse sont en cours d’homologation : Air France, easyJet.