Habituellement, c’est Jacques qui signe l’éditorial du mois. Si je prends la plume ce mois-ci, vous vous doutez que c’est le signe que certaines choses bougent chez Aviation et Pilote. Rassurez-vous, pas de révolution en perspective !
Il y a maintenant 23 ans, j’ai fait la rencontre d’un de ces personnages qui marquent les esprits et les mémoires. Considéré comme l’un des « sages » du microcosme aéronautique, je souhaitais le consulter pour recevoir les conseils nécessaires au contournement des écueils rencontrés lors de la création d’une école de pilotage ULM en Belgique.
Après un déjeuner dont le dessert fut pris dans le brouillard créé par un havane hors-norme, j’avais fait le plein de conseils directs et percutants, visant à me convaincre de ne pas m’engager dans cette voie, mais plutôt à obtenir ma licence de pilote privé et de m’intéresser à l’aviation certifiée.
Je n’avais aucune idée de l’importance de cette rencontre en quittant la terrasse du Briefing, le restaurant de l’aérodrome de Lognes. Et même si j’avais déjà décidé de ne pas forcément suivre les conseils reçus, je n’avais aucun soupçon du fait que je venais de mettre le doigt dans un engrenage qui allait engager le reste de ma vie professionnelle et personnelle.
Un an et demi plus tard, Jacques, puisqu’il s’agissait évidemment de lui, m’a attiré, au départ peut-être inconsciemment, dans ses filets. En me demandant de rejoindre l’équipe des rédacteurs occasionnels de la revue, il souhaitait la rajeunir, trouver des points de vue différents et orienter le magazine vers un nouveau public, sans renier le lectorat existant. À l’époque, j’avais été étonné par sa requête, après tout, je ne connaissais rien à la presse et à l’aviation, je venais à peine d’obtenir ma licence de pilote privé. Que pouvais-je donc apporter au magazine ? D’après Jacques, une vision différente de la sienne, acquise au cours des années passées à la tête de la publication. Vision qui pourrait être complémentaire, nous permettant de changer à petites touches la ligne éditoriale pour mieux l’adapter à notre lectorat.
Petit à petit, pendant ces années ensemble, notre collaboration s’est intensifiée, nous avons passé des heures à travailler sur les bonnes stratégies de développement et, finalement, Jacques a estimé qu’il était temps que nous partagions aujourd’hui la rédaction du traditionnel éditorial.
Il aura fallu de la patience et de l’engagement à ce dernier pour m’apprendre à écrire et pour m’insuffler les rudiments du métier. Sa passion pour L’aéro-club et le pilote privé, revue qu’il a rejointe en 1975 pour la faire évoluer vers Aviation et Pilote, a été communicative et, au fil des années, nous avons collaboré de plus en plus étroitement pour que ce soit le magazine que vous souhaitiez lire chaque mois.
Nous avons parcouru des dizaines de milliers de miles nautiques en avion léger pour essayer les avions nouveaux, rencontrer les acteurs de l’industrie, poser nos mains sur l’avionique qui serait la vôtre dans l’avenir, imaginé des voyages pour vous, lecteurs, aux quatre coins du monde, cherché l’actualité aéronautique sur tous les continents et organisé le SFMA sur les carrières et métiers de l’aérien. Cette quête permanente est animée par une flamme unique : l’envie de partager notre passion pour l’aérien avec vous, lecteurs.
Aujourd’hui, il est temps pour nous de réitérer cette recherche de sang neuf, de renforcer notre équipe avec des jeunes – au moins dans l’esprit ! – qui sauront créer, avec nous, Aviation et Pilote 3.0. Nos envies sont intactes, nous nous refusons à rester figés dans nos habitudes et à accepter un immobilisme rédactionnel et technique qui nous conduirait, au mieux, mais immanquablement, vers la stagnation. Nous voulons, après 49 années de parution ininterrompue, repartir pour un nouveau chapitre de cette aventure.
Si nous avons commencé à publier des vidéos, à créer du contenu digital, nous sommes encore loin de réaliser le plein potentiel des possibilités offertes par les techniques modernes et vos envies. Il est temps de réinventer le magazine, de le prolonger grâce aux nouveaux médias.
Vous qui lisez cet éditorial, vous qui êtes passionné par tout ce qui concerne l’aérien que l’on peut toucher du doigt, que l’on peut piloter, et par un secteur économique qui refuse toute idée de décroissance, c’est l’occasion de faire un pas en avant et de rejoindre « l’équipe » pour élaborer un média nouveau s’appuyant sur les traditions du magazine et sa version papier, mais aussi sur les nouvelles manières de partager l’information. Vous qui avez cette passion de l’aérien et des envies, contactez-nous !
Emmanuel DAVIDSON