Chacun de nos essais en vol représente autant d’immatériel que de contingences bien matérielles. Sinon, ce serait trop facile, et probablement moins passionnant. L’alchimie prend vite quand le soleil est de la partie et que les planètes sont alignées, et elle est généralement sublime. Mais quand les dépressions se succèdent, progressant à la vitesse d’un cheval au galop, ne laissant aucun créneau suffisant pour organiser une rencontre ensoleillée, rien de beau, ni de bon n’est envisageable. Ou alors il s’agit d’aventures et le poids des mots est alors prépondérant, mais c’est bien autre chose dès qu’il s’agit d’un essai en vol où le travail du photographe est essentiel pour magnifier la machine et donner envie : ne dit-on pas qu’un bel avion est un avion qui vole bien ? Ces deux derniers mois ayant été abominables en France, nous nous apprêtions à publier une aventure exotique de notre ami Richard Saint-George, un vol qu’il a effectué à Cali, en Colombie, quand une fenêtre météo s’est brutalement ouverte, nous garantissant pour le lendemain, le samedi 4 décembre, du soleil à la verticale d’un jetstream axé nord-sud, déchirant les nuages entre Lille et Marseille, puis glissant lentement vers l’est, comme un beau cadeau de Noël avant l’heure.
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