Trois compagnies, Icelandair, Ravn et Air Nostrum viennent de signer avec Universal Hydrogen des lettres d’intention afin d’équiper leur flotte de turbopropulseurs de kit hydrogène. Cette start-up américaine qui a déjà levé plus de 20 millions de dollars projette de remplacer les moteurs à turbine de leur avion par des moteurs électriques alimentés par des piles à combustible fonctionnant à l’hydrogène liquide. Le cœur de métier d’Universel Hydrogen est d’être avant tout un fournisseur du combustible, mais il faut auparavant développer la brique technologique, comme quand les fournisseurs de café fabriquent les machines pour le consommer. Une fois en place, le kit permettrait d’échanger simplement le carburant qui serait contenu dans des bombonnes transportées sur le tarmac comme du simple catering, simple efficace propre.
Cette solution de motorisation hybride est totalement neutre : zéro émission pour l’électrique et de l’eau avec de la chaleur pour la pile. Le projet a naturellement séduit les présidents de compagnies qui voient sans doute la solution de pouvoir voler « vert » peut-être avant que les grands constructeurs mettent des avions nouveaux sur le marché et surtout sans nécessairement être obligés d’acheter du neuf. Ces kits de conversion concernaient d’abord les ATR et les Dash 8, mais le Dornier 328 pourrait être également être équipé, voire d’autres appareils de cette catégorie. Ravn Alaska s’est engagée à acheter cinq kits de conversion pour ses turbopropulseurs De Havilland Aircraft of Canada. Elle exploite actuellement dix DHC-8-100 et un DHC-8-300. Air Iceland Connect exploite actuellement trois DHC-8-Q200 et deux DHC-8-Q400 sous la marque Icelandair.
De son côté, Air Nostrum s’est engagé sur onze kits de conversion pour sa flotte « actuelle et future ». La flotte actuelle de turbopropulseurs de la compagnie aérienne comprend onze ATR72-600. Malgré cela, les compagnies examinent toujours d’autres solutions. Ravn a également signé provisoirement pour 50 avions électriques à décollage et atterrissage courts (eSTOL) en cours de développement par la compagnie californienne Airflow. Icelandair Group a également signé une lettre d’intention avec le constructeur suédois de 19 places électriques Heart Aerospace (Göteborg City) qui développe le quadrimoteur électrique ES-19. Une lettre d’intention reste un cadre assez large et ce n’est certainement pas une commande ferme.
« Il faut développer toutes les briques technologiques qui permettront de satisfaire des besoins de puissance de l’ordre de 2 mégawatts. Aujourd’hui, les piles à combustible les plus puissantes produisent 125 kW quant à la puissance maximum existante des moteurs, elle est de 600 kW, sans parler des systèmes qui doivent conduite cette puissance. Les enjeux sont importants, c’est une vraie alternative à l’usage des carburants actuels et Universal Hydrogen a d’ores et déjà les moyens pour le niveau du proof of concept », explique Gilles Rosemberger, un expert français de l’hydrogène. Universal Hydrogen a été fondée et est dirigée par l’ancien chef de la technologie d’Airbus, Paul Eremenko. Il vise à développer le kit de conversion initial afin qu’il devienne un modèle adopté par d’autres fournisseurs et crée un marché important pour les piles à combustible échangeables. Universal Hydrogen espère commercialiser ses kits de conversion d’ici 2025.