Ce 22 juin, le tribunal de commerce d’Agen a reçu en audience quelques repreneurs potentiels d’Airways College, placée en liquidation par ce même tribunal fin avril. La décision du tribunal est attendue en principe pour le deux juillet, mais il n’est pas impossible qu’un délai soit éventuellement accordé en fonction d’informations complémentaires. Une dizaine de projets ont été scannés, mais deux ont été retenus, celui de Paris Flight Training, porté par Arnaud Chaibi, ex-pilote d’Aigle Azur et Icare soutenu par Bertrand Vilmer. Le premier point commun entre ces deux projets est une reprise globale de trois sites sur quatre ; celui de Cholet étant abandonné. Ensuite, les projets reprennent l’ensemble des élèves qui sont en cours de formation. Il y a toutefois une petite différence sur ce point précis.
PFT reprend tous les élèves en formation qui peuvent s’acquitter de 10 000 euros supplémentaires pour poursuivre leur cursus. Officiellement même ceux qui n’auraient pas les moyens de ce surcroît de dépense. Le projet PFT a été monté très discrètement. Ses responsables sont des commandants de bord de l’ancienne compagnie Aigle Azur ; ils ont presque été obligés de sortir du silence à la demande des parents d’élèves. Ils se proposent de « reprendre » également les élèves en formation et d’adapter le parcours de formation en faisant la chasse aux heures superflues et aux contenus théoriques inutiles.
Le basculement en cursus intégré sera également proposé. Autre intérêt de leur proposition : celle de proposer, en fin de cursus, une MCC sur simulateur full flight en version A320 ou B-737, une option qui semble plaire aux élèves. Les hommes du projet PFT reprendront eux aussi une partie des salariés sans donner plus de détails, si ce n’est qu’ils en « prendront » 10 de plus que l’autre candidat, Bertrand Vilmer.
La team PFT fera la chasse aux dépenses inutiles, rétablira les équilibres essentiels en arrêtant les dépenses somptuaires. Un peu, en fait, ce que l’on est en droit d’attendre d’une école de pilotage bien gérée et dûment contrôlée par la DGAC… Leur proposition a été construite en étudiant le cas de chaque élève. Ils ajoutent que leur programme pédagogique a été validé par la DGAC. Ils s’attaqueront à « la rationalisation de la flotte d’Airways qui comporte 37 avions, dont 16 types différents. » Ses membres projettent également de trouver une solution à l’éventuel problème de nuisance qu’avait soulevé le maire d’Agen, Jean Dionis, en achetant des avions neufs avec une faible trace sonore.
À Melun, ils mettront les locaux aux normes pour que l’école soit enfin classifiée comme ATO. Bref, c’est un projet qui sur le papier apparaît ambitieux. Ils estiment que la mise de fonds serait d’environ 5,5 millions d’euros. PFT se voulait au départ (bien avant la faillite d’Airways College) créer un organisme de formation théorique qui entend « monter d’un step la qualité des formations théoriques qui existent en France ». Là encore, les hommes « aiglazuriens » ne manquent pas d’ambition : « Nous voulons proposer des formations théoriques comme nous aurions voulu les recevoir ».
La proposition de Bertrand Vilmer est connue depuis plus longtemps et elle s’approche de celle de PFT : reprise des élèves, création de « business unit », reprise d’une partie des salariés avec une diminution drastique des salaires et mise en place d’une grille de salaire cohérente avec les compétences et les expériences de chacun. Mais, au-delà des 250 élèves à sauver, il prévoit un redémarrage de l’école avec une cinquantaine d’élèves en plus pour 2022 et une soixantaine pour l’année suivante. Pour l’heure, Bertrand Vilmer estime que la mise de fonds avoisine les 8,5 millions de fonds, une somme à la hauteur des enjeux. Il cite un exemple : les trois sites (Agen, Melun, Nîmes) coûtent chacun environ 700 000 euros par an, soit 2,1 millions. Il reste à ce jour en relation avec les pouvoirs publics pour obtenir une aide supplémentaire puisque son tour de table n’est pas encore bouclé. Tout grand organisme aéronautique est le bienvenu pour lui fournir deux millions de plus, sous forme de prêt. Bertrand Vilmer met de sa poche une importante somme, montrant ainsi que son investissement ne peut pas être taxé de fantaisiste.
Il est même d’ailleurs surprenant que l’État ne puisse pas trouver deux « petits » millions d’euros alors que sept milliards se sont déversés sur Air France… Pour soumettre son projet, Bertrand Vilmer a dû présenter plusieurs exemplaires de son bilan comptable. Du côté de PFT, on se demande comment le tribunal a pu recevoir l’offre des ex-PNT d’Aigle Azur puisque l’activité de la société PFT n’a pas encore démarré, elle commencera à former des professionnels sur le plan théorique qu’en septembre ou octobre prochain.
Enfin, il reste tout aussi surprenant que le tribunal crédibilise une entreprise sans aucune expérience dans le domaine de la formation. Certes, les dirigeants de PFT sont des pilotes professionnels expérimentés, cela leur confère-t-il la compétence de gestion et de conduite d’un organisme de formation ? Il semble que le tribunal ait sa réponse. Le choix du repreneur aura lieu le 2 juillet prochain.