La faillite d’Airways College est un drame pour tous les élèves qui se sont lourdement endettés pour réaliser leur rêve. Emprunter 100 000 euros au début de sa vie pour se former comme pilote n’est pas un acte anodin. Alors que deux repreneurs se pressent pour relancer l’école et sauver près de deux cents élèves, le maire d’Agen a peut-être cru que le moment était venu de se faire un bon coup pub écolo à moindres frais. Dans un courrier adressé à l’administrateur judiciaire, Jean Dionis du Séjour, qui est également le président du Syndicat mixte pour l’aérodrome départemental d’Agen La Garenne, a fini par se prononcer en mettant en garde les éventuels repreneurs que les engagements contractualisés seront reconduits sous condition : à savoir la signature d’une convention « environnement » qui imposerait une activité aérienne uniquement en semaine de 9 à 12 h et de 14 à 18 h 30… Le chantage à la plage horaire en quelque sorte.
Pourtant Jean Dionis doit savoir depuis longtemps que l’activité d’une école de pilotage ne peut se résumer, pour des raisons d’organisation et d’exploitation, à de stricts horaires administratifs. Comment fait-on pour le vol de nuit ou quand la météo vous impose les plages de vol ? La production de pilote est continue depuis longtemps ici à Airways. L’édile s’est curieusement réveillé sur le tard, car son courrier a été envoyé une semaine après la date limite du dépôt des offres de reprises, de sorte que les repreneurs ne pouvaient pas être officiellement informés de cette contrainte de dernière minute. Si cette problématique de nuisance faisait sens depuis longtemps, il aurait été plus logique de la faire connaître depuis le début. On sent un peu la manœuvre. La première réponse à cette prise de position conjoncturelle et finalement peu élégante au regard des élèves à sauver est venue de Michel Mélacot, le fondateur et dirigeant d’Airways durant près de d’une quinzaine d’années.
Consterné par la prise de position de l’élu, il rappelle que durant sa gérance, il avait pu, grâce à un dialogue constructif avec l’élu et au moyen de mesures de bon sens, ramener une sérénité autour du terrain. Hormis pour quelques riverains irréductibles. « Comment peut-on imaginer qu’un centre de formation professionnel puisse ainsi limiter ses horaires de vol tout en y intégrant les contraintes professionnelles, les impératifs de maintenance, les aléas météorologiques, notamment tout en respectant les objectifs pédagogiques ainsi que la sûreté et la sécurité des vols ? », s’exprime l’ancien dirigeant. Et de poursuivre : « En qualité de maire d’Agen, j’ai la faiblesse de penser que vous en avez tiré une légitime fierté, c’est en tout cas mon interprétation de votre présence amicale et appréciée parmi nous lors de soirées organisées à l’occasion de nos différentes inaugurations. Vous ne pouvez pas profiter d’une monstrueuse escroquerie pour satisfaire la demande de quelques riverains au risque d’être le fossoyeur d’une entreprise qui ne méritait pas d’être assassinée de cette façon. »
Puis c’est autour de Sandrine Laffore, conseillère régionale, de s’étonner de la prise de position du maire d’Agen : « En exigeant, en tant que président du Syndicat mixte pour l’aéroport départemental (SMAD), une restriction des heures de vol dans la reprise d’Airways Collège, l’école de pilotage basée à l’aéroport d’Agen, le maire d’Agen, et candidat aux élections régionales risque ni plus ni moins de faire capoter les offres de reprise de cette école. » Elle rappelle que la Région s’est engagée dans un soutien financier à hauteur d’un million d’euros. Finalement au lieu de travailler à la défense et au développement de la plateforme, l’élu qui a trouvé à se loger en bout de piste semble prêt à en réduire l’activité. Nous verrons bien si Jean Dionis du Sejour mettra ses menaces à exécution.