En 2008, Emmanuel Davidson s’est rendu à Arcachon pour essayer un Van’s RV-6 construit par la famille Chauvet et, au retour de cette expédition, il m’avait raconté ce biplace superbe avec des trémolos dans la voix, certainement à cause de la chaleur qu’il s’était faite à l’atterrissage de ce « tail dragger », entre le rebond majuscule et les zigzags d’un avion qui n’avait pas envie de se retrouver au sol. J’ai conservé en mémoire un souvenir aigu de son ressenti, à savoir que j’aurais détesté être à sa place. Aussi, quand j’ai appris que l’Aéro-Club Air France Lognes (ACAFL) avait intégré dans sa flotte un biplace Van’s RV-7A, j’ai ressenti des émotions contradictoires. La première était positive, il s’agissait d’une opportunité en or en cette période de confinement qui complique la logistique car, pour une fois, il nous suffisait de traverser un taxiway à pied. La seconde un peu moins : jamais je n’allais oser demander à Emmanuel de s’y recoller comme spécialiste du Van’s, avion « total performance » comme l’avait voulu Richard VanGrunsven lorsqu’il avait dessiné son premier modèle il y a 50 ans, mais plutôt facétieux ! Finalement, j’ai appris que le A accolé au 7 signifiait que l’avion était équipé d’un train tricycle. Ouf ! N’imaginez pas cependant que j’ai peur des avions à train classique, mais quelques dizaines de minutes glanées ici et là sur Piper Cub, Piper Tri-Pacer et Stampe ne construisent pas une expérience. Cependant, comme le Van’s appartenait à un aéroclub dont je connaissais l’un des piliers, Luc Rieu, un homme « total passion » comme l’aurait qualifié Richard VanGrunsven, celui-ci allait forcément être responsable du vol.
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