Ce matin, je regarde ma montre, les idées se bousculent comme d’habitude, je me dois déjà de planter ma plume dans le vitriol, incité par tous ceux que j’ai croisés ou qui m’ont appelé après la sortie violente de Léonore Moncond’huy, la nouvelle maire de Poitiers EELV – lire à ce propos la « longue » lettre ouverte d’Emmanuel Davidson dans le courrier des lecteurs.
Rappelons qu’en pleine pandémie, elle avait viré en tête devant les socialistes avec 5 995 voix (42,83 %) du fait d’une abstention de 66,81 %. La démocratie, c’est aussi cela. Pourtant, si Léonore a parfaitement le droit de détester les avions, elle se comporte avec partialité quand elle supprime, certes de plein droit, une subvention aux aéro-clubs, mais en tyran quand elle décide que « l’aérien ne devrait plus faire partie des rêves d’enfant aujourd’hui ».
Mais c’est Pol Pot, cette fille-là ! Je ne serais pas loin de partager le point de vue de mon ami Édouardo tant il est vrai que le qualificatif « Khmer vert » se dit un peu partout. Quand même, gardons raison, Pol Pot assassinait les instituteurs et les médecins, il persécutait les porteurs de lunettes, alors rien ne laisse supposer, pour l’heure, que Léonore Moncond’huy compte traquer les porteurs de montres de pilote ou les possesseurs de livres d’aviation !
Cependant, cela sent vraiment le dogme quand le jeune, et encore étudiant, Quentin Bernier Gravat, conseiller municipal écologiste de Vincennes, le surlendemain, persiste à s’opposer à la subvention du Yacht-Club local, même après qu’on lui ait précisé « Le Yacht-Club, ce sont des bateaux… Des bateaux… à voile… ça avance avec le vent ! » Et, parce que ses explications du week-end, pour tenter de justifier son vote, examens partiels à réviser mis à part, étaient farfelues, on a bien compris que le savoir et la connaissance n’étaient pas le sujet, car cela mettait en danger son pouvoir d’écolo basé sur des contre-vérités.
Mais, voilà, le célèbre Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen pour les Verts, a réagi avec sa faconde coutumière et cela a été rédempteur : « Écoutez, moi j’ai pleuré quand le premier homme a marché sur la Lune. J’étais peut-être crétin, j’étais peut-être débile, j’avais 23 ans, c’était après 68. Mais c’était mon rêve d’enfant, Tintin sur la Lune ! Et maintenant arrive une écologiste qui me dit « arrête de rêver des bêtises ». Rêve de quoi ? Rêve de ton potager ! Mais qu’elle aille se faire foutre ! »
Merci Dany !
Daniel Cohn-Bendit a rendu service à la collectivité des aviateurs car tous les médias de masse ont repris cette truculente intervention, elle a forcément été vue à Poitiers par Léonore Moncond’huy et ses électeurs, mais Dany le Rouge, ou le Vert, on ne sait plus bien, n’a finalement fait que défendre le principe de liberté. Il ne s’agissait en aucun cas d’un plaidoyer pour l’aéronautique.
Alors ? Il va falloir nous y coller dare-dare pour expliquer à tous les abstentionnistes de Poitiers, et d’ailleurs du reste, l’immense intérêt d’un aéroport en matière de mobilité, d’emplois locaux, de verdure, etc. Et combien l’aviation est vertueuse, depuis tellement longtemps, par ses efforts.
Alors que je battais le rappel auprès de tous ceux qui soutiennent l’idée du GRETA ! dont je vous ai parlé le mois dernier car il est sur la rampe de lancement, Patrice Magot, l’un des lecteurs avec lequel je m’entretiens après chaque parution, un ancien cadre de Cessna Aircraft Company qui y a fait toute sa carrière, entre les USA et l’Europe, m’a lancé : « Eh bien, ce n’est pas gagné ! L’aviation, c’est chacun pour sa gueule, ça a toujours été comme cela ! »
Et, ce qui est affreux, c’est que Patrice a raison, nous savons tous l’étroitesse d’esprit du genre humain, et des pilotes plus encore, cette tentation de nous battre pour notre seul pré carré et nos privilèges alors que nous devrions plutôt être généreux, partager nos idées, ne pas essayer de dégommer le voisin qui fait de l’ombre…
Comme me le disait un autre ami depuis son lit d’hôpital, Laurent Ignacel : « L’Aviation populaire de Pierre Cot, la Relance de l’aviation par le sénateur Parmentier de 1981, voilà de belles idées à redécouvrir. Les subventions, il en faut, mais on en a ras le bol que le pognon soit mal géré ! »
Nous voilà prévenus. Alors, comme l’aurait écrit Tolkien, l’homme de lettres à l’imagination fertile, il nous faut tenir bon en ces instants critiques, user de nos armes sans jamais faiblir, notre courage sera d’autant plus grand, plus hardi notre cœur et plus aguerri notre esprit que des forces obscures et résolument ignorantes nous assaillent.
Autour du drapeau, tous les pilotes valides !
Jacques CALLIES