Les salariés de la filiale française de la compagnie aérienne Norwegian ont manifesté mercredi 24 février aux abords de l’ambassade de Norvège à Paris afin d’exposer les menaces qui pèsent sur leur emploi. Ils voulaient également dénoncer les pratiques de la direction de Norwegian France. Selon eux, celle-ci est restée totalement muette malgré les nombreux courriers qui lui ont été adressés concernant leur situation et la procédure en cours sur le plan social.
La compagnie avait acquis une certaine notoriété en lançant des lignes long-courriers à des tarifs jamais vus. En janvier 2021, en phase de restructuration sévère, la maison-mère décide d’arrêter ce secteur essentiellement assuré par les salariés de la base française à Paris Charles de Gaulle, condamnée de fait à la fermeture. La filiale française (Norwegian Air Resources France) dépend d’une société irlandaise (NAR Irlande), elle-même filiale de la maison mère. Or, les dirigeants du groupe ont décidé de liquider leur filiale irlandaise avec comme conséquence, selon les salariés, celle de se soustraire au versement d’indemnités de licenciement. Ce projet de liquidation devrait être confirmé d’ici quelques jours, mais les salariés entendent faire appliquer le droit français pour la filiale française.
Le CSE, ex-comité d’entreprise, n’a tout d’abord jamais été informé du projet de liquidation par la direction de NAR France, alors que c’est une obligation légale. Le CSE s’est adjoint les conseils de deux avocats et un cabinet comptable expert a été choisi pour obtenir un bilan de NAR France et NAR Irlande. Son intervention est à la charge de la compagnie aérienne, selon les procédures réglementaires. Non seulement les salariés affirment qu’il n’a pas été payé, mais il n’a reçu aucun document comptable de la direction française pour mener son audit. À cette série de violations du droit social français, superbement ignoré par la direction, il faut ajouter également l’irrespect du calendrier des réunions consultatives. Enfin, il convient de noter que les salaires de janvier ont été versés avec plus de 10 jours de retard.
Cette attitude, dénoncée par le CSE, mais également par le SNPL, est d’autant plus surprenante que les salaires des employés du transport aérien sont pris en charge à 100 % par l’État où l’argent du contribuable. En effet, Norwegian France avait obtenu l’agrément lui permettant de bénéficier du dispositif d’activité partielle. Par ailleurs, un jugement a été rendu en décembre en faveur du CSE concernant un litige sur le montant des indemnités des activités de temps partiel. Ce jugement est exécutoire, mais NAR France n’a toujours pas rectifié le tir. Concernant le respect de règles du droit du travail, le CSE a déposé une plainte auprès du tribunal de Bobigny dans le cadre d’un référé. La décision est attendue pour 18 mars. En Irlande, deux liquidateurs ont été nommés par un tribunal irlandais, mais eux aussi restent très discrets…
En tout, 290 personnes de la base parisienne sont impactées : 145 pilotes, 136 personnels de cabine et 5 employés administratifs. Jean Baptiste Djebbari, le ministre des Transports devrait être sollicité, quant au SNPL, il invite l’État à avoir « un œil très attentif » à cette procédure de liquidation compte tenu des millions versés par l’État à la compagnie.